ECHO DE SAINT-PIERRE N° 75 - Avril 1995
DIMANCHE ORDINAIRE
Dans son passionnant ouvrage intitulé Ma jeunesse dans la région brestoise, Jane Auffret-Quintin parcourt avec nous les chemins dévolus aux promenades traditionnelles autour de Brest, à lépoque où les tramways constituaient le moyen de transport public quasi-collectif.
Une bonne marche contribuait au repos dominical, et la Rive Droite offrait à cet égard plusieurs sites attrayants : rives champêtres de la Penfeld, étang de la Villeneuve, Chapelle Jésus, Kervallon, ou alors, le tour de la côte, grande classique du dimanche après-midi, alliant la brise océane au charme du retour par la vallée des lavoirs, Pont-a-Louët ou Sainte-Anne-du-Portzic, pour les courageux. Le choix ne manquait pas. Le retour seffectuait souvent par le bourg de Saint-Pierre qui, ce jour-là, connut cet incident peu banal, extrait de Ma jeunesse dans le vieux Brest de Madame Jane Auffret-Quintin. Et la promenade continuait vers la plage de Sainte-Anne. De là, on gagnait un faubourg de Brest : Saint-Pierre-Quilbignon. Cétait loin, très loin pour les petites jambes ! On y arrivait fatigués, et on était heureux de monter dans le tramway* qui venait du Conquet et qui nous conduisait aux premières maisons de Recouvrance.
Cest en attendant ce tramway que je fus témoin dun incident burlesque : jai vu une vache effrayée par une automobile sengouffrer dans lentrée dun immeuble, et arriver dun seul élan jusquau premier palier ! Comment la faire descendre ? Cétait un problème que plusieurs hommes essayaient de résoudre ! Lanimal, épouvanté, refusait de bouger et il fallait pourtant lobliger à se retourner ! Le tramway est arrivé, et je nai jamais su la fin de lhistoire de cette étrange prouesse ! Nos grands-parents sen souviennent-ils ?
En 1903, date de la mise en circulation du train électrique, Saint-Pierre-Quilbignon était la gare de départ vers le Conquet. Bientôt, afin de prolonger la ligne jusquà Prat-Lédan, les concepteurs sattachèrent à résoudre les problèmes techniques posés par la forte pente du Grand Turc et la Porte du Conquet devient gare principale. Des vestiges de ce trajet sont visibles.
P. FLOCH