ECHO DE SAINT-PIERRE N° 74 - MARS 1995

A SAINT-PIERRE EN 1925

Dans son ouvrage “Paysans de Saint-Pierre Quilbignon”, Jean Kervennic évoque les deux Saint-Pierre d’avant guerre : le “Saint-Pierre rural” et le “Saint-Pierre urbain”.
Les deux populations se jalousaient, dit-il, mais vivaient somme toute en bonne intelligence.

Beaucoup se souviennent néanmoins, que des affrontements survenaient à l’occasion entre bandes de jeunes “Kerberis” et jeunes “Yannicks”, voire des jeunes de Brest ou de Recouvrance.
En voici une illustration :

“Une violente bagarre dans une salle de danse à Saint-Pierre Quilbignon” :

Un jeune homme grièvement blessé d’un coup de couteau. “Comme chaque dimanche, de nombreux jeunes gens se trouvaient réunis, avant-hier soir, dans le débit tenu par Madame Laé, 250, rue Jean-Jaurès, aux Quatre-Moulins, en Saint-Pierre-Quilbignon, où, aux accents d’un piano mécanique, ils se livraient au plaisir de la danse.
Soudain, vers 9 h 30, pour un motif que l’on ignore, une dispute surgit entre deux groupes : l’un dit de “Recouvrance”, l’autre dit de “Saint-Pierre”.
Des coups furent bientôt échangés, et ils pleuvaient drus de par et d’autre, lorsque soudain, l’un des antagonistes sortit son couteau et frappa l’un de ses adversaires. Celui-ci, le jeune L.G., 17 ans, fut atteint assez gravement au menton. La bagarre prit aussitôt fin et le blessé fut transporté à son domicile... rue Jean-Jaurès, où le docteur Abarnou, de Saint-Pierre fut mandé pour lui prodiguer des soins. L.G., outre sa blessure au menton, portait une plaie au nez, semblant avoir été faite par un verre brisé. L’auteur du coup de couteau, d’après les premiers renseignements reçus, dès hier, par les gardes champêtres et les gendarmes, serait un individu connu sous le nom de “Jojo”.
Le blessé, dont l’état n’inspire toutefois aucune inquiétude, n’a pu être interrogé. Peut-être la victime, dont nous n’avons volontairement donné que les initiales se reconnaîtra-t-il ? Quant à la “rue Jean-Jaurès”, elle s’appelle désormais “rue Anatole France”, car après le rattachement à Brest, en 1945, il y aurait eu sinon deux rues portant le même nom dans le grand Brest.


H. CADIOU