ECHO DE SAINT-PIERRE N° 65
SAINT-PIERRE : LES ANNEES 30.
La lecture des comptes-rendus de Conseils Municipaux de la commune de Saint-Pierre Quilbignon, dans les années 30, est révélatrice des préoccupations de lépoque.
Par exemple, Saint-Pierre est une commune maritime : des décisions municipales fixent les les dates de coupes de goémon réservées aux habitants de la commune. Cest aussi une localité où la fête est encouragée, si lon sen réfère aux subventions versées aux comités des fêtes (Recouvrance, Castel-an-Daol, Saint-Pierre...) et associations.
Les activités peuvent être aussi différentes quun concours de tir organisé par la Légion Saint-Pierre en 1924, par exemple, et quun raid hippique avec arrivée et départ à Saint-Pierre, organisé par le comité des fêtes de Recouvrance en 1930.
Autres temps, autres loisirs. Le fête nationale était aussi très marquée, et la réunion du Conseil Municipal du 21/6/29 programmait pour le 14 Juillet : distribution de pain la veille, retraite aux flambeaux, feux dartifice tirés de la Place du bourg, bâtiments communaux pavoisés et illuminés. En 1931, la commission des fêtes élabora un programme pour commémorer le 100ème anniversaire de la naissance de Jules Ferry, et de même, le cinquantenaire de
lécole communale fut fête.
Parmi les gros dossiers de cette époque, il y avait la réalisation du réseau délectrification rurale. Le Conseil Municipal du 24 février 1932 prenait acte de la fin des travaux, et précisait quaprès avoir donné à 98 % de la population de nos campagnes les moyens de sélectrifier à domicile, le Conseil Municipal entend porter ses efforts sur lamélioration du réseau urbain. La réalisation du réseau deau potable fut le grand chantier autour des années 30.
Le Conseil Municipal du 6 décembre 1931 fait le bilan de ces travaux dadduction deau : le captage de source est réalisé depuis plusieurs mois, les mesures de débit et les analyses de leau ont été effectuées, les réservoirs de captage et les équipements de pompage (lArcHantel) en service depuis 3 mois ont été réceptionnés,les deux châteaux deau de Kérourien pour le distribution aux usagers ont été remplis deau et aucune anomalie na été constatée. Il ne reste plus quà procéder aux nettoyages réglementaires des conduites et aux ultimes analyses avant de distribuer leau aux Quilbignonnais.
Le site de lArcHantel, qui avait déjà nécessité des travaux de voirie et délectrification pour la station de captage et de pompage, représentait autour des sources, 10 hectares de terres communales. Pour lassainissement des terrains et la protection des eaux, le conseil municipal du 26 mai 1933, après avis de la société de reboisement du Finistère, décide dy effectuer des plantations darbres.
La réunion du conseil municipal du 11 août suivant étudiera un programme de plantation de pins sylvestre qui se réalisera par tranches de 5 hectares et dont le coût est estimé à 2900Fr pour la première année. Ouvert au public près de 40 ans plus tard, la parc de lArchantel est aujourdhui un élément important du patrimoine brestois et fait le bonheur de beaucoup de sportifs et de promeneurs. Evidemment, la vie communale de cette époque nétait pas réduite à ces quelques faits et nous y reviendrons dans un prochain article. Et nous observons à nouveau que des décisions délus, dont la tâche nest pas toujours facile, peuvent marquer durablement et favorablement un quartier.
Jean Pierre MADEC
*********************************************************
ECHO DE SAINT-PIERRE N° 66
LES ANNEES 30 (suite)
Activité, préoccupations de la Municipalité de Saint-Pierre dans les années 30, nous continuons à éveiller le souvenir ou à faire découvrir (de manière incomplète) le travail des conseils municipaux animés par M. Moign, Maire de 1926 à 1929 et de M. Eusen, Maire de 1929 à 1944.
A cette époque, la Municipalité de Saint-Pierre avait à coeur de voir aboutir un dossier à travers lequel elle défendit vivement les intérêts de la commune.
Il sagissait de réaliser laménagement du chemin côtier, que lon appelle aujourdhui la route de la corniche.
Ainsi, au Conseil Municipal du 21/06/29 , le Maire annonce que des études ont été entreprises en vue de laménagement comme route touristique, du chemin de la côte que longe Laninon, la Grande Rivière, la Maison Blanche, le Fort du Portzic, et rejoint le Cosquer. Dans une déclaration, le Conseil Général a, en 1928, jugé tout lintérêt daménager comme route touristique, ce chemin de la côte : ... il sagit dune voie longeant la mer, dans une région vallonnée, très pittoresque par elle-même, qui retiendra lattention des touristes et les incitera à modérer leur allure.
Reste à en assurer le financement et l'entretien !
Le Conseil Municipal du 21/6/29 émet un voeu en direction du Département, demandant le classement de ce chemin, comme chemin de grande communication et en conséquence, que le département en assure lentretien, ou à défaut, en attendant ce classement, quil attribue à la commune une subvention suffisante et immédiate, pour assurer un entretien convenable du dit chemin.
La Municipalité se démènera pour que le Conseil Général et la Marine participent , à un bon niveau, au financement des travaux. Une délibération du Conseil Municipal du 21/4/31 rappelait que cette route a plus dintérêt pour la Marine et les entreprises qui travaillent pour elle, que pour les autres activités commerciales de la commune.
Il nous faut noter, 65 ans plus tard, que cette volonté des élus de lépoque de faire une route touristique, na pas fait beaucoup démules parmi leurs successeurs. Peu daménagements ont été réalisés sur ce front de mer si bien décrit par le Conseil Général en 1928 ! Et pourtant, déjà en 1938, des habitants du Stiff et de la Grande Rivière sollicitaient lachat dune parcelle de terrain, par la Municipalité, pour réaliser un jardin public le long de la route de la Corniche.
Il va de soi que le travail dune Municipalité ne porte pas que sur des projets et grandes réalisations. Il y a aussi la gestion du quotidien. Et là, le domaine social est très présent.
Laction municipale sy exerçait de manière très diverse. Cela allait du subventionnement du déplacement de délégués à des congrès de représentants des prudhommes ou de retraites (1929) à la création dune caisse de chômage (1932).
Le 22 Février 1931, le Conseil Municipal sest étonné que, suite à une grève de 24 heures, la compagnie des tramways, ne tenant aucun compte de lintérêt des usagers et abonnés, ait pu, par un lock-out (fermeture de l'entreprise par ses responsables) de 4 jours, interrompre complètement le service sur le territoire de Saint-Pierre, lésant gravement les intérêts dune population de 12000 habitants. Il décide ce même jour, daccorder des secours aux employés de la compagnie, habitant Saint-Pierre, victimes de lock-out.
Mais le moment où les élus étaient en prise directe avec les situations sociales difficiles de certains administrés, cétait lors des réunions en comité secret qui suivaient les séances du Conseil Municipal. Là, ils étudiaient et prenaient en charge les cas des plus nécessiteux.
Sur ce plan, les élus dalors ont fait des émules. Il y a toujours des nécessiteux.
J.P MADEC
Source : archives de M. FLOCH.