ECHO DE SAINT-PIERRE N° 63, Mars 1994

TOUS A L’ABRI.

1944-1994 - Brest va fêter, cette année, le 50ème anniversaire de sa libération.

Pour ceux qui ont connu cette époque (4 années d’occupation), les souvenirs reviennent en mémoire... et pour les plus jeunes, il sera intéressant de connaître ce qui s’est passé voilà 50 ans.

Pendant cette guerre (1939-1945), Brest a subi de nombreux bombardements et nous avons passé bien des heures (de jour comme de nuit) dans les abris.

Les abris... au début, chacun descendait soit dans une cave, soit au jardin, dans une tranchée creusée et recouverte de madriers et de quelques plaques de tôle. Abris vraiment rudimentaires et insuffisants, au fur et à mesure des bombardements qui devenaient plus fréquents et plus importants.

Aussi, les autorités municipales décidèrent, avec l’accord du Préfet, de créer des abris dignes de ce nom. Cela n’a pas empêche des catastrophes telles que celle de l’abri Sadi-Carnot, qui vit périr 300 brestois, dont notre Maire, Monsieur Victor Eusen.

Pour la Rive Droite, pas moins de 12 abris furent construits, entre 1941 et 1944. Certains n’ont guère été exploités car ils furent terminés juste avant la libération. Nous dénombrons : les abris du bourg, de Kerzudal, du Petit Paris, de Kerraros, de Castel an Doal, de la rue Armor, des Quatre-Moulins, de Kerbonne, du Landais, du Rouisan, de Kérangoff, de Kernabat.

L’abri du bourg se compose en fait de 2 abris : l’un appelé abri sous l’église, et l’autre abri sous la Place du Bourg. il se compose de 2 galeries perpendiculaires de 11 mètres de longueur chacune, ayant 2 mètres de hauteur et 1 m 60 de largeur. Le tout a 8 mètres 50 de profondeur. Ces galeries étaient munies de bancs de bois, fixés sur des consoles en tube de chaque côté de la galerie.

Trois escaliers permettaient d’accéder : l’un au Nord, sur le parvis de l’église, face à la pharmacie actuelle, possédait 32 marches ; un autre, à l’Est, sur la place du bourg, environ entre le chêne de la Liberté et la Maison de Quartier, avec 26 marches, et le troisième au Sud, dont on voit encore l’emplacement de la porte, dans le mur de la venelle d’accès au presbytère, muni de 30 marches. Ces escaliers étaient prolongés par des chicanes, avant d’accéder aux galeries proprement dites.

Cet abri fut construit dans un délai de 3 mois, par l’entreprise Yves Petto, de Saint-Pierre (55, rue Jean-Jaurès... maintenant rue Anatole France, où se trouve l’entreprise Dourmap) pour la somme de 492 478F.

Il fut réceptionné le 20 Mars 1942 par M. EUSEN, Maire, accompagné de MM. Gestin et Raguénès, adjoints et M. Le Goff, conducteur de travaux, en présence de l’entrepreneur.

F. LULLIEN