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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 257, novembre 2013

C’était mon enfance…
Vers le bois d'Amour... le chemin de Kerdalaes


Le récit d’une enfance heureuse, celle de mon amie Francette Coroleur, décédée en 2002. Sa fille Brigitte a retrouvé ces pages, elles étaient destinées à « Mémoire de Saint-Pierre » avec tout ce que ça représente pour l’un de ses camarades d’enfance, François Kergonou.

Nous sommes donc en 2001...

Je suis née il y a près de 80 ans dans la maison de mes grands-parents située dans l’actuelle rue Gérard de Nerval. Ma sœur Mimi avait alors 5 ans. Mes parents ont dû quitter cette maison et, après de nombreux déménagements, ont fini par s’installer au Barullu où j’ai passé toute mon enfance.
Quel plaisir de se retrouver, nous, les enfants du quartier ! La route des Quatre-pompes, où la circulation était pratiquement nulle, nous offrait un vaste champ d’actions : parties de marelle (détu) de corde à sauter avec « les  simples et les doubles » accompagnés de chansons : le marin que j’aime, il est loin d’ici, il est à Marseille ou en Italie…
La « biche à cacher » se passait principalement autour du fameux bistrot le « Lapin Blanc ». Ce dernier était relié à la route des 4 pompes par des escaliers aux pierres branlantes qui nous permettaient, bien souvent, de rejoindre le « but » avant celui qui était « dessous ». A ma connaissance je ne me souviens pas d’accidents arrivés dans ces escaliers. Miracle !...
La ferme de Kernilis avec son allée bordée de châtaigniers respectables, aux troncs énormes nous offrait à l’automne les châtaignes très appréciées. Mais l’hiver, la nuit venue, nous avions hâte de passer cette allée sombre car il n’y avait aucun éclairage.
Kernilis ! C’était tout notre univers. D’abord la traite des vaches. Tout le monde au pot au lait, en fin d’après-midi, pour être servi par Herveline. En attendant la distribution, les langues allaient bon train. Toutefois il y avait, pour nous enfants, un passage difficile dans l’allée car le chien de la ferme, heureusement attaché mais menaçant, nous impressionnait.

Le temps de la moisson est venu

Eh oui ! Jean Marie Lunven plaçait les gerbes de blé, debout pour les faire sécher. Cela constituait pour nous des caches idéales pour « la biche à cacher » au grand désespoir de Jean Marie qui retrouvait les tas de gerbes effondrés. Une fois la moisson terminée, nous étions quand même autorisés à « pinaouer » (ramasser les épis restant sur le terrain). Les grains de blé, bien mâchés, nous fournissaient la matière première de notre chewing-gum (chin gom). De l’autre côté de la route des 4 pompes, là où se trouve actuellement le laboratoire d’analyses, il y avait la petite ferme Jacopin, moins importante que Kernilis et où je me souviens avoir vu les chevaux faire tourner le manège de la moisson.

Tante Anna

Mon enfance a été marquée par la présence d’une bonne personne, la tante Anna de ma mère, connue dans tout le quartier. Le jeudi, et pendant les vacances, elle nous emmenait dans un petit bois, le bois d’amour du nom de son propriétaire Mr Lamour. Chacun de nous avait son goûter et… un bock vide. Dans ce bock nous introduisions des mûres puis de l’eau provenant de la fontaine qui se trouvait au bas du petit bois. Avec une petite branche qui servait de mixeur, nous écrasions les mûres et prunelles dans le bock et nous dégustions le breuvage à notre goûter.
Certains jours d’été nous allions au Ménez, toujours avec la tante Anna, l’herbe était sèche et glissante. Assis sur une planche nous prenions notre élan du haut de la pente et, si les « freins » ne fonctionnaient pas, nous nous retrouvions dans la vase du ruisseau qui, plus bas, serpentait paisiblement vers la mer.
Un beau jour d’été le feu a pris dans les landes situées entre la poudrière et l’École navale. Compte tenu du danger d’explosion, nous n’avons pu prendre le bain espéré aux Quatre pompes en août 1933.
Puis, les années passant, je me suis retrouvée au cours complémentaire des 4 Moulins pour préparation au Brevet élémentaire et au concours d’entrée à l’École normale de Quimper.
Notre société sportive s’appelait la « Bonne entente » et en uniforme, robe blanche avec créneaux de couleur orange dans le bas, nous avons accueilli le président Lebrun devant l’actuelle maison Tallet en construction. Il me semble que c’était en 1936.
Je ne voudrais pas oublier mes visites au phare du Portzic. Mes parents étaient amis du gardien. Il venait nous accueillir à la poterne. Le passage en ce lieu, secret et mystérieux à mes yeux, me plongeait dans une grande admiration, tout en tenant bien fort la main de mon père. C’est ainsi qu’à plusieurs reprises, j’ai pu visiter le phare du Portzic de bas en haut…
France Coroleur


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