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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 256, octobre 2013

La production laitière : la modernisation
1972, troupeau de frisonnes -
en arrière plan : début de l'urbanisation de la Cavale Blanche

Dans les années 50,  l'évolution de nouvelles techniques, la réglementation, la mécanisation, les nouvelles méthodes d'élevage et de sélection vont changer en profondeur le visage de l'agriculture.


La réglementation sanitaire

    En 1952, la direction départementale de l'agriculture propose une patente aux livreurs de lait cru qui font un effort pour améliorer la qualité de leurs produits et respectent les règlements sanitaires. Pour la propreté : étables et fumières bétonnées, fosses pour récolter les purins. Les troupeaux doivent être indemnes de  tuberculose. Les animaux sont identifiés par une boucle à l'oreille, les étables doivent être blanchies avec des insecticides contre les mouches. Les éleveurs devront recevoir au printemps les préposés mandatés, pour la lutte contre la maladie des varrons (mouches). Le vétérinaire passe régulièrement quand une nouvelle vache rentre dans le troupeau, pour faire un test afin de  vérifier l'absence de tuberculose. Les animaux atteints sont abattus.

Premières évolutions

    Les années 52 et 53 marquent un tournant dans les pratiques des agriculteurs.  L'importation des premières vaches hollandaises « frisonnes » et le début de l'insémination artificielle amènent, en 10 ans, la disparition de la vache armoricaine. La production de lait par vache augmente d'un tiers et passe de 2000 à 3000 litres.
En 1954, plusieurs élevages s'équipent de machines à traire. Les clôtures électriques ont déjà fait leur apparition. Les laitières livrent tout ce qui peut être produit sur l'exploitation : légumes divers, fruits et fleurs de saison.  Ces productions diverses dépendent surtout du nombre de travailleurs familiaux : jeunes célibataires ou salariés, très fréquents chez les livreurs de lait.

La mutation s'accélère

    La coopérative laitière brestoise, récemment créée, passe tous les jours dans les quartiers, pour récolter le lait des producteurs ne livrant pas à la ville et les excédents des producteurs livrant en ville.
    La majorité des agriculteurs sont adhérents au syndicat communal. Lors de l'assemblée générale, des causeries sont organisées pour parler des cultures et des nouvelles variétés en élevage. Un lait artificiel pour élever les veaux apparaît. Les premières expériences ont eu des résultats mitigés, les bouchers achetaient difficilement les veaux élevés de cette façon.
    En 1958, un arrêté préfectoral interdit la livraison de lait  qui n'a pas été refroidi à 4 degrés. Sous quelques mois les producteurs s'équiperont de bacs refroidisseurs pouvant refroidir 4, 6 ou 8 bidons de 20 litres de lait.

    Les agriculteurs font appel à des entrepreneurs pour faire les labours et les épandages de fumier en diminuant les attelages. Ils réservent de la nourriture pour des vaches supplémentaires et se libèrent de travaux pénibles. Quelques exploitations  se sont équipées de tracteurs et ont supprimé la traction animale.
En 1965 pratiquement toutes les exploitations ont un tracteur ; il n'y a plus de traction animale.
Le suivi de quelques élevages par le contrôle laitier amène les agriculteurs à améliorer leurs pratiques. Avec l'aide de la chambre d'agriculture, des groupes de vulgarisation se constituent ; les progrès sont rapides. La quantité de lait par vache augmente en moyenne de 100 litres par an, et on constate une vache en plus par troupeau.

Les agriculteurs sont encouragés à agrandir leurs troupeaux, à construire de nouvelles étables. Les laiteries posent des citernes réfrigérantes pour collecter le lait en vrac. Certaines coopératives arrêtent de collecter les petits producteurs et imposent à leurs adhérents la livraison de toute leur production. Quelques producteurs, livrant à une entreprise privée continueront à approvisionner les commerces et les particuliers jusqu'à leur retraite ou jusqu’à la disparition de leur exploitation par l'urbanisation.

JP Nicol

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