En
1950, à Saint Pierre, 70 fermes avaient des vaches laitières et
fournissaient du lait, un peu de beurre, des légumes, des fruits, de la
volaille, et parfois des fleurs, à l'agglomération brestoise.
Les fermes ont entre 10 et 15
hectares, quelques exploitations approchent les 20 ha. Les
exploitations les plus petites de 3 à 5 ha, proches de Recouvrance et
du bourg sont spécialisées en maraîchage et ont 2 ou 3 vaches pour
utiliser les déchets, entretenir les zones humides et produire du
fumier. D'autres petites exploitations sont tenues par des femmes ou
des ouvriers-paysans. Après la reconstitution des troupeaux décimés par
la guerre, les livraisons de lait ont repris. Avant la guerre,
les livraisons se faisaient en voiture à cheval à roues caoutchoutés,
appelée "char à banc".
Gérer le troupeau : traite, achat des vaches
Les femmes
ont un rôle important, ce sont elles qui effectuent la livraison
du lait tous les jours de la semaine, elles partent le matin dès la fin
de la traite, par tous les temps, emmitouflées de couvertures en hiver.
Vers 1930 quelques livreurs ont fait l'acquisition d' une automobile
qu'il faudra abandonner pendant la guerre faute de carburant et de
règlement de circulation.
Les premières automobiles réapparaitront vers 1950 et les livreurs en véhicule hippomobile seront des exceptions 10 ans plus tard.
Pour avoir une production régulière
et afin de garder la clientèle, les producteurs doivent renouveler leur
troupeau. Dans les années 50, la lactation d'une vache ne dure pas plus
de 6 à 7 mois. Les vaches laitières sont de race armoricaine et
exceptionnellement normande. Plusieurs marchands de bestiaux de
Lambézéllec et Gouesnou sont spécialisés pour fournir des vaches
laitières, qu'ils achètent aux foires de Sizun, Commana et autres
marchés des Monts d'Arrée. La concurrence est vive entre les
agriculteurs pour être le premier à choisir quand le commerçant
rentrait du marché et proposait un nouveau choix de vaches.
Revente des vaches
Pour les vaches de réforme, la
nourriture était améliorée afin que la qualité de la viande soit
meilleure. Les vaches de meilleures qualité étaient vendues aux
bouchers locaux, et les autres à la foire de Saint Renan qui est la
plus proche. On y va à pied, les chemins empruntés peuvent être
différents, suivant le caractère de l'animal ou si un groupe s'est
organisé, et forme un troupeau. Les vaches les plus dociles montrent le
chemin. Il faut plus de 2 heures pour rejoindre Saint Renan. Il est
recommandé d'être à l'heure pour choisir sa place et faire le tour du
marché, avant que commencent les transactions, pour appréhender les
cours, rencontrer les acheteurs potentiels et montrer sa présence aux
marchands.
Le commerce en foire est difficile ;
il faut savoir faire l'équilibre entre le prix que l'on veut vendre et
celui que le marchand est disposé à mettre. Il y a des bonnes foires et
d'autres où on doit faire des sacrifices. Il vaut mieux vendre que de
ramener une bête du marché. La foire de Lesneven est très importante,
pour s'y rendre le camion des transports PELLEAU fait un arrêt à Pont
Cabioch à 4 heures du matin. Comme les animaux ne sont pas toujours
dociles, il est prudent de se faire aider pour être à l'heure.
Au milieu des années
50, l'évolution de nouvelles techniques de culture, la mécanisation,
les nouvelles méthodes d'élevage de sélection vont changer le visage de
l'agriculture.
Suite dans le prochain numéro de l'Écho.
JP Nicol