Avant la création
des assurances mutuelles agricoles crées en 1911 à Landerneau par
Monsieur De Guebriant, les malheurs survenant à la campagne étaient une
véritable catastrophe.
Le docteur comme le vétérinaire n’étaient appelés qu’en dernier
recours, leur visite coûtait cher. Les naissances se faisaient à la
maison avec l’aide d’une sage femme ou d’une voisine compétente.
Aide aux plus démunis
Dans les fermes, en plus de la famille, on trouvait
souvent parmi les employés les handicapés de la société, boiteux,
sourds-muets, bossus. Malgré leur infirmité, ils aidaient au bon
fonctionnement de la ferme comme gardien de troupeau, charretier,
coupeur de bois... Ils étaient peu rémunérés, mais avaient le gîte et
le couvert. Ils participaient aux joies et aux peines de la famille et
avaient leur place à table.
On voyait parfois l’arrivée d’un mendiant, demandant
un coin de grange pour passer la nuit. Il allait chercher un peu de
paille et pouvait s'y installer, mais avec l'interdiction de
fumer (on craignait l’incendie). Avant de se coucher il attendait
patiemment à la porte de la maison qu’on lui apporte un bol de soupe
avec un quignon de pain au lard ; en remerciement il marmonnait souvent
une prière.
Solidarité entre voisins
Quand un décès survenait dans la famille, les voisins se réunissaient
le soir pour montrer leur solidarité à la famille éprouvée. Les gens se
relayaient pour veiller le défunt ou la défunte toute la nuit. Le jour
des obsèques, c’était encore un couple de voisins qui gardait la maison
et préparait une collation prise au retour du cimetière.
Pour soigner les animaux, le forgeron intervenait
aussi bien pour les chevaux que les bovins. Un fer rougi à blanc
appliqué sur un abcès suffisait, parfois, à sauver la bête.
Solidarité pour gérer les fermes
La naissance d’un veau ou d’un poulain posait
parfois quelques difficultés, sans hésiter on appelait les voisins, les
conseils des anciens étaient bons à prendre. L’opération terminée, il
fallait arroser la venue du petit animal.
Pour l’outillage, les échanges se faisaient
constamment, on empruntait la charrue ou le butoir à pommes de terre au
voisin, lequel venait chercher le râteau faneur ou parfois un cheval
pour compléter son attelage.
Dès 1902, les paysans créèrent leur mutuelle locale
pour pouvoir supporter la perte d’un cheval. De 35 mutualistes au
départ, 15 ans plus tard ils étaient 60 assurant 180 chevaux.
Pour les bovins, rien de comparable et pourtant les
pertes étaient fréquentes. En cas de blessure très grave la vache était
abattue à la ferme. Les morceaux de viande étaient exposés dans une
grange, et les voisins, les amis, la famille venaient acheter le
morceau de leur choix.
Ce qui n’était pas vendu était proposé dans les
villages plus éloignés, le char à banc circulait de hameau en hameau.
Chacun se devait d’aider le voisin dans le malheur. On ne savait jamais
où la tuile pouvait arriver.
Parfois la viande proposée était impropre à la
consommation. Il s’agissait des vaches qu’il avait fallu abattre suite
à la météorisation, accident très fréquent à l’époque.
Tout ces faits montrent bien la solidarité du monde
rural. Au cours des années une mutuelle accidents, une mutuelle
incendie, puis une mutuelle chirurgicale virent le jour ainsi qu’un
syndicat agricole pour les achats en commun.
Et la solidarité continue !
Sur la centaine de cultivateurs en 1940,
actuellement les quatre restant sur Saint-Pierre s’épaulent
mutuellement et ont du matériel en copropriété.
Jean Pochart