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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 242, avril 2012

Entraide et assistance à la campagne
au début du siècle dernier

      
Avant la création des assurances mutuelles agricoles crées en 1911 à Landerneau par Monsieur De Guebriant, les malheurs survenant à la campagne étaient une véritable catastrophe.
Le docteur comme le vétérinaire n’étaient appelés qu’en dernier recours, leur visite coûtait cher. Les naissances se faisaient à la maison avec l’aide d’une sage femme ou d’une voisine compétente.

Aide aux plus démunis

    Dans les fermes, en plus de la famille, on trouvait souvent parmi les employés les handicapés de la société, boiteux, sourds-muets, bossus. Malgré leur infirmité, ils aidaient au bon fonctionnement de la ferme comme gardien de troupeau, charretier, coupeur de bois... Ils étaient peu rémunérés, mais avaient le gîte et le couvert. Ils participaient aux joies et aux peines de la famille et avaient leur place à table.
    On voyait parfois l’arrivée d’un mendiant, demandant un coin de grange pour passer la nuit. Il allait chercher un peu de paille et pouvait  s'y installer, mais avec l'interdiction de fumer (on craignait l’incendie). Avant de se coucher il attendait patiemment à la porte de la maison qu’on lui apporte un bol de soupe avec un quignon de pain au lard ; en remerciement il marmonnait souvent une prière.

Solidarité entre voisins

    Quand un décès survenait dans la famille, les voisins se réunissaient le soir pour montrer leur solidarité à la famille éprouvée. Les gens se relayaient pour veiller le défunt ou la défunte toute la nuit. Le jour des obsèques, c’était encore un couple de voisins qui gardait la maison et préparait une collation prise au retour du cimetière.
    Pour soigner les animaux, le forgeron intervenait aussi bien pour les chevaux que les bovins. Un fer rougi à blanc appliqué sur un abcès suffisait, parfois, à sauver la bête.
Solidarité pour gérer les fermes

    La naissance d’un veau ou d’un poulain posait parfois quelques difficultés, sans hésiter on appelait les voisins, les conseils des anciens étaient bons à prendre. L’opération terminée, il fallait arroser la venue du petit animal.
    Pour l’outillage, les échanges se faisaient constamment, on empruntait la charrue ou le butoir à pommes de terre au voisin, lequel venait chercher le râteau faneur ou parfois un cheval pour compléter son attelage.
    Dès 1902, les paysans créèrent leur mutuelle locale pour pouvoir supporter la perte d’un cheval. De 35 mutualistes au départ, 15 ans plus tard ils étaient 60 assurant 180 chevaux.
    Pour les bovins, rien de comparable et pourtant les pertes étaient fréquentes. En cas de blessure très grave la vache était abattue à la ferme. Les morceaux de viande étaient exposés dans une grange, et les voisins, les amis, la famille venaient acheter le morceau de leur choix.
    Ce qui n’était pas vendu était proposé dans les villages plus éloignés, le char à banc circulait de hameau en hameau. Chacun se devait d’aider le voisin dans le malheur. On ne savait jamais où la tuile pouvait arriver.
    Parfois la viande proposée était impropre à la consommation. Il s’agissait des vaches qu’il avait fallu abattre suite à la météorisation, accident très fréquent à l’époque.
    Tout ces faits montrent bien la solidarité du monde rural. Au cours des années une mutuelle accidents, une mutuelle incendie, puis une mutuelle chirurgicale virent le jour ainsi qu’un syndicat  agricole pour les achats en commun.

Et la solidarité continue !

    Sur la centaine de cultivateurs en 1940, actuellement les quatre restant sur Saint-Pierre s’épaulent mutuellement et ont du matériel en copropriété.
Jean Pochart



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