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ECHO DE SAINT-PIERRE N° 236, octobre 2011

LE JARDIN PARTAGÉ D'AUTREFOIS
   
             
    Je le côtoie chaque jour et ce depuis fort longtemps. Mais pourquoi cette idée de vous en parler aujourd’hui ? Jugez plutôt…

Un moment de bonheur
    C’était tout à côté d’un lavoir que je connais bien, au même titre que celui du Barullu. Le temps était très beau… J’y ai rencontré des jardiniers d’une autre époque. Le plus jeune avait à peine 6 ans, ses parents un peu plus bien sûr. Eh bien ! Leur détermination au travail faisait plaisir à voir. Tellement d’ailleurs que les voisins, de part et d’autre, s’étaient également remis à l’ouvrage. Bonheur assuré lors de cette visite à mon ancien jardin potager de Porsmeur, à 200m du bourg de Saint-Pierre au-dessus de la fontaine Sainte Brigitte. C’est la vie du quartier qui renaît, l’émulation est à l’œuvre…

Un retour vers le passé
    C’était il y a fort longtemps. À  l’âge de 6 ans, petit apprenti dans la nature, j’étais le compagnon de mon père dans les travaux du jardin. Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis, ma fidélité n’a jamais failli pour ce qui était, et reste toujours, un plaisir. La culture du potager…
    Une seule chose aurait pu manquer, la fête
des jardiniers, mais auraient-ils seulement pris le temps d’y venir ? Il y avait bien la fête des blanchisseuses, alors pourquoi pas ?
    Années 30, mais plus encore les années de guerre, et ce jusqu’en 1950, pour faire court, chacun avait son lopin de terre qu’il en soit propriétaire ou locataire, rattaché à la maison ou plus loin. Tout le monde jardinait… C’était un lieu d’échanges et de convivialité tout comme le lavoir, avec moins d’éclaboussures ce qui n’est pas rien entre nous...

Vivement le soir qu’on s’y retrouve…
    C’est l’un des liens qui nous unissait entre voisins. Il n’y avait pas que le travail. Au delà il y a le plaisir de la récolte ou de la cueillette du soir. Cette douce joie, liée aux beaux jours, est quotidienne. Les soirées, après le repas, y sont mémorables. Retrouvailles, chacun peut raconter son histoire ou simplement sa journée. Les hannetons ou autres cerfs-volants apportent aussi un peu d’animation. La convivialité se construit ainsi. L’épreuve des années de guerre en a démontré la force tant la solidarité était présente.

Et les plantations dans tout ça…
    Un peu astrologue sur les bords, on tient compte de la lune. C’est indispensable pour la réussite des semis comme des récoltes. Simple exemple pour que les salades ne montent pas, je ne vous apprends rien. Et puis il y a le cahier des années précédentes, avec les remarques enregistrées. Bref, on ne doit pas rater ou alors!… Ce qu’il y a de bien dans le jardinage c’est l’humilité. Chacun y trouve ses frontières, le degré d’apprentissage est permanent. N’empêche que la réussite étant là, la grande satisfaction est de consommer les produits du jardin. Et quels produits !… Combien précieux pendant la guerre et l’après-guerre comme de nos jours…

Et nous, modestes jardiniers…
    Devoir presque quotidien, le vidage, l’envoi du seau de déchets ménagers au jardin. Le compost naturel est un simple trou dans le sol servant également de garde-manger aux oiseaux. De même, écologie avant l’heure, le brûlage des mauvaises herbes (1). Grande joie pour tous, même pour les ménagères qui ramassent prestement leur linge à sécher. Dans la cendre chaude, en effet, quelques pommes de terre (taille petite ou moyenne) attisent déjà les gourmands. Les traitements ? Pas compliqué, il n’y en a pas. Si ce sont les chenilles qui ont envahi les choux, de simples rameaux de genêt plantés dans le sol,,font largement l’affaire. Les doryphores heureusement disparus (tout comme les occupants de la guerre, affublés du même nom) un seul remède, le ramassage. Les loches et escargots sont invités quant à eux à consommer, de préférence aux salades et autres, de petits tas de son auquel est mélangée une poudre de nos secrets. Et les oiseaux qui, au delà du compost, aiment tant partager avec nous ; chacun a son truc, chiffons au bout d’une perche, certains y ajoutant la couleur, mannequins (quelle rigolade !), moulins qui tournent au vent et j’en passe. Mais pour ce qui concerne la fumure du sol, je préfère observer une discrétion sans gloire. Le seul point d’ailleurs…

Pour finir… Et vous ?       
    Les plantations principales se résument aux pommes de terre, petits pois, oignons, haricots, salades etc. Je ne parle pas des carottes qui, en général, sont ratées. Vous me direz que ce petit bonheur se trouve également dans le jardin floral ou fruitier. Sans doute, quand ils existent ce qui n’est pas le cas général. Mais aujourd’hui je voulais vous raconter un peu du potager. Tout simplement… Allez-vous reprendre la bêche ? Votre médecin ne dit pas autre chose. Alors?…

(1)   "tantez" ou "tantad" pour les convertis au jardinage

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