Je le
côtoie chaque jour et ce depuis fort longtemps. Mais pourquoi cette
idée de vous en parler aujourd’hui ? Jugez plutôt…
Un moment de bonheur
C’était tout à côté
d’un lavoir que je connais bien, au même titre que celui du Barullu. Le
temps était très beau… J’y ai rencontré des jardiniers d’une autre
époque. Le plus jeune avait à peine 6 ans, ses parents un peu plus bien
sûr. Eh bien ! Leur détermination au travail faisait plaisir à voir.
Tellement d’ailleurs que les voisins, de part et d’autre, s’étaient
également remis à l’ouvrage. Bonheur assuré lors de cette visite à mon
ancien jardin potager de Porsmeur, à 200m du bourg de Saint-Pierre
au-dessus de la fontaine Sainte Brigitte. C’est la vie du quartier qui
renaît, l’émulation est à l’œuvre…
Un retour vers le passé
C’était il y a fort
longtemps. À l’âge de 6 ans, petit apprenti dans la nature,
j’étais le compagnon de mon père dans les travaux du jardin.
Quatre-vingts ans se sont écoulés depuis, ma fidélité n’a jamais failli
pour ce qui était, et reste toujours, un plaisir. La culture du potager…
Une seule chose aurait pu manquer, la fête des
jardiniers, mais auraient-ils seulement pris le temps d’y venir ? Il y
avait bien la fête des blanchisseuses, alors pourquoi pas ?
Années 30, mais plus encore les années de guerre, et
ce jusqu’en 1950, pour faire court, chacun avait son lopin de terre
qu’il en soit propriétaire ou locataire, rattaché à la maison ou plus
loin. Tout le monde jardinait… C’était un lieu d’échanges et de
convivialité tout comme le lavoir, avec moins d’éclaboussures ce qui
n’est pas rien entre nous...
Vivement le soir qu’on s’y retrouve…
C’est l’un des
liens qui nous unissait entre voisins. Il n’y avait pas que le travail.
Au delà il y a le plaisir de la récolte ou de la cueillette du soir.
Cette douce joie, liée aux beaux jours, est quotidienne. Les soirées,
après le repas, y sont mémorables. Retrouvailles, chacun peut raconter
son histoire ou simplement sa journée. Les hannetons ou autres
cerfs-volants apportent aussi un peu d’animation. La convivialité se
construit ainsi. L’épreuve des années de guerre en a démontré la force
tant la solidarité était présente.
Et les plantations dans tout ça…
Un peu astrologue
sur les bords, on tient compte de la lune. C’est indispensable pour la
réussite des semis comme des récoltes. Simple exemple pour que les
salades ne montent pas, je ne vous apprends rien. Et puis il y a le
cahier des années précédentes, avec les remarques enregistrées. Bref,
on ne doit pas rater ou alors!… Ce qu’il y a de bien dans le jardinage
c’est l’humilité. Chacun y trouve ses frontières, le degré
d’apprentissage est permanent. N’empêche que la réussite étant là, la
grande satisfaction est de consommer les produits du jardin. Et quels
produits !… Combien précieux pendant la guerre et l’après-guerre comme de nos jours…
Et nous, modestes jardiniers…
Devoir presque
quotidien, le vidage, l’envoi du seau de déchets ménagers au jardin. Le
compost naturel est un simple trou dans le sol servant également de
garde-manger aux oiseaux. De même, écologie avant l’heure, le brûlage
des mauvaises herbes (1). Grande joie pour tous, même pour les
ménagères qui ramassent prestement leur linge à sécher. Dans la cendre
chaude, en effet, quelques pommes de terre (taille petite ou moyenne)
attisent déjà les gourmands. Les traitements ? Pas compliqué, il n’y en
a pas. Si ce sont les chenilles qui ont envahi les choux, de simples
rameaux de genêt plantés dans le sol,,font largement
l’affaire. Les doryphores heureusement disparus (tout comme les
occupants de la guerre, affublés du même nom) un seul remède, le
ramassage. Les loches et escargots sont invités quant à eux à
consommer, de préférence aux salades et autres, de petits tas de son
auquel est mélangée une poudre de nos secrets. Et les oiseaux qui, au
delà du compost, aiment tant partager avec nous ; chacun a son truc,
chiffons au bout d’une perche, certains y ajoutant la couleur,
mannequins (quelle rigolade !), moulins qui tournent au vent et j’en
passe. Mais pour ce qui concerne la fumure du sol, je préfère observer
une discrétion sans gloire. Le seul point d’ailleurs…
Pour finir… Et vous ?
Les plantations
principales se résument aux pommes de terre, petits pois, oignons,
haricots, salades etc. Je ne parle pas des carottes qui, en général,
sont ratées. Vous me direz que ce petit bonheur se trouve également
dans le jardin floral ou fruitier. Sans doute, quand ils existent ce
qui n’est pas le cas général. Mais aujourd’hui je voulais vous raconter
un peu du potager. Tout simplement… Allez-vous reprendre la bêche ?
Votre médecin ne dit pas autre chose. Alors?…
(1) "tantez" ou "tantad" pour les convertis au jardinage