Retour à l'accueil

ECHO DE SAINT-PIERRE N° 228, décembre 2010

LE PETIT JARDIN (1865 – 1966) 
restaurant et salle de danse
   
      En 1865, M et Mme LE TREUT firent construire  deux maisons en bordure de la route de Brest, au lieu dit Le Grand Turc. Il s’agissait d’une maison d’habitation et d’un café-restaurant. La structure des bâtiments était en bois recouvert de zinc. En effet, ces maisons étaient situées  près des fortifications et l’autorité militaire imposait de respecter les servitudes de défenses : les maisons devraient pouvoir être démolies, en cas de guerre, si la ville de Brest était menacée.
    De 1867 à 1895, l’établissement fut mis en location. Puis, ce fut l’arrivée en 1895 de M. et Mme LE GUEN qui donnèrent une grande renommée à l’établissement, par la très bonne qualité de sa cuisine, mais surtout par l’excellence du service. Ils avaient acheté le fond de commerce et les immeubles, et fait construire deux nouvelles salles. Le matériel avait été renouvelé : des nappes de fil faisaient l’admiration de ceux qui connaissaient le beau linge ; des couverts en métal argenté et gravés au nom du "Petit Jardin”; les couverts classiques avaient été complétés  par des fourchettes à huîtres, des couverts à poissons, des couverts à dessert, et de couverts à entremets ; les services de porcelaine portaient aussi le nom du "Petit Jardin”. Les tables étaient de toutes splendeurs. Les décorations des salles à manger étaient de très bon goût. Lors des banquets des hôteliers, les autres restaurateurs avouaient que les plus belles tables étaient celles du "Petit Jardin”.

    En 1908, le fond de commerce fut vendu à M.  GUILLEROT, cuisinier de profession et qui avait acquis une grande expérience au cours de ses différents postes. Après 3 années de forte activité, il fit construire une grande salle de prestige de plus de 400 m² pour les grands événements permettant d’accueillir au moins 800 personnes. La structure du bâtiment était là aussi en bois recouvert de zinc. Toutefois la charpente de toit était en profilés métalliques rivetés.
En 1913, après le décès de son mari, c’est sa veuve qui géra seule l’établissement.
Pendant la guerre, 1914-1918, les bals furent interdits.
De 1918 à 1922 la présence de l’armée américaine à Brest modifia quelque peu la clientèle. Des orchestres produisaient des mélodies américaines : jazz, blues, etc. Les américains faisaient du patin à roulettes sur la piste de danse.  30 employés permanents environ assuraient le service. Les personnels de la Marine formaient une part importante de la clientèle. Chaque année, des soirées dansantes étaient organisées. Le bal des fourriers était, nous dit-on,  très prisé.

    Mme veuve GUILLEROT se remaria en 1921 avec M. GUILLERMIC, premier maître fourrier, qui quitta la Marine pour aider son épouse dans la gestion de l’établissement. Dans les années 1920, on vit apparaître de nouvelles danses : le charleston, le tango ...  De 1921 à 1940, l’activité de l’établissement du Petit Jardin se poursuivait normalement  par les banquets corporatifs, les repas et bals de noces, les soirées dansantes, le patinage, et les  fêtes de toutes sortes.
En 1940 l’armée allemande y logea 300 soldats. Les bâtiments avaient subit des dommages importants. Il y eu beaucoup de dégâts dans la vaisselle, les nappes, les serviettes, la décoration, les planchers et les escaliers.

    Après la guerre, c'est  Suzanne, sa fille, qui prend la suite avec son époux et son beau père. Les deux activités principales de l’établissement sont maintenues : les banquets et repas de noces, les bals et soirée dansantes. Tous les orchestres réputés de la région ont joué ici, en soirée ou en matinée : Jacky RAYNAL, Nico LOÏS, etc. Au cours de ces soirées les orchestres produisaient de nouvelles musiques populaires aux rythmes endiablés venues d’ailleurs comme le rock'n roll, le boogie-woogie, le paso-doble, le cha-cha-cha, le madison, le sirtaki.. Une tenue correcte était toujours exigée dans l’établissement. Pour les hommes, la cravate était obligatoire. M GUILLERMIC, qui était de grande taille, savait, avec beaucoup de diplomatie, imposer les règles de bonne conduite. Le dernier grand repas servi au Petit Jardin a été le banquet organisé à l’occasion du congrès national des maraîchers, en septembre 1965, avec  658 convives.

    Dans les années 1960, le "Petit Jardin”  au 268 rue Anatole France, comptait 8 salles réparties dans 3 bâtiments :
la salle du café et l’estaminet, une salle de restaurant,  la "Salle hollandaise”, la “Salle nord”  et les trois “Grandes salles"

Les activités ont cessé en 1966.
Alain Cloarec

NDLR : une anecdote
En mai 68, l'usine CSF (aujourd'hui Thalès) a été occupée pendant cinq semaines (du 20 mai au 21 juin) par les salariés en grève. La direction a dû se réfugier ailleurs, et s'installer au "Petit Jardin".


retour en haut de page