En 1830 la commune n’excède pas 2900 habitants, la quasi-totalité sont
agriculteurs. Sa superficie étant de 1708 hectares, aussi la densité de
population y est faible.
Au bourg, autour de la vieille église, on ne
dénombre qu’une dizaine de maisons. A Kernabat on compte 8 feux, et à
Keranguden 7. Le long du chemin menant de Recouvrance à St Pierre, on
trouve à peine 20 constructions et très peu de commerces. Il n'y a pas
besoin de boulanger puisque dans chaque quartier on trouve le « Ty
Fourn », où une fois la semaine on se retrouve pour cuire le pain au
levain qui se conserve très bien.
L’essor de la commune se situe vers 1860 où la
population, passant à 6123 Quilbignonnais. La vie sociale s’organise :
Au bourg, l’école publique des filles est dirigée par Madame Cloastre.
L’école libre des garçons est menée par le frère Kerouanton.
Monsieur Ropars a la charge de l’école des garçons aux Quatre-Moulins.
Les années qui suivent voient l’édification du groupe scolaire aux Quatre-Moulins, de la mairie et d'une nouvelle église.
Le 4 avril 1897, le conseil municipal est
favorable à la pose des trottoirs. La ville prend à sa charge la moitié
du coût et le restant est du ressort des propriétaires. L’hygiène et la
sécurité y gagneront beaucoup !
La population atteint alors les 10000 âmes et c’est
surtout le quartier de Kerbonne qui se lotit de plus en plus.
Mais d’où viennent ces nouveaux arrivants ? Pour la plupart ils sont
issus du milieu rural : cultivateurs à Plouzané, Plougonvelin et le
long de la côte nord. Ils s’adaptent très vite et sont ouvriers du
bâtiment, employés par la ville, commerçants et beaucoup travaillent à
l’arsenal.
Sur le registre de l’état civil, avec des noms bien
de chez nous, il est intéressant de relever leur qualification et leur
spécialité :
Calfat (calfatage des bordées des navires) :: Nicol, Léost
Charpentier navire (maître, second maître) : Kergonou, Nicol
Cordier (produit des cordes): Mailloux
Forgeron : Lars, Gourmelon
Garniturier : Jestin
Poulieur : Jestin
Scieur de long : Saos
Perceur : Lunven
Jean Pochart
Témoignage de François Kergonou
Au-delà d’un métier , une famille
La corporation des charpentiers du port était bien
ancrée à Saint-Pierre. Un métier, une affinité et un talent se
retrouvant, au-delà des navires, dans la vie quotidienne… Les fermettes
qu'ils habitaient n’étaient pas grandes. Il s’agissait de cultiver un
ou deux champs, d’entretenir une vache et quelquefois un cheval.
C’était la vie de l’époque à Kernabat comme ailleurs, l’équipe du bord
se retrouvait ainsi à pied d’œuvre dans ses moments de liberté.
C’est aussi l’histoire d’une famille, la mienne. Mon
grand-père Yves, né en 1847 à Plougonvelin, cultivateur de son état à
Kervasdoué en cette même commune, était sans doute, comme tant
d’autres, un bon marcheur. Et pourquoi donc me direz vous ? Silence !
C’est ici que commence…Promenade ou autre circonstance ? Je ne le sais
pas, il rencontre une jeune fille. Ils se marient en janvier 1872 à
Saint-Pierre Quilbignon. Yves en était tellement heureux qu’il épousera
également la profession de charpentier du port, comme jadis son
beau-père Guillaume. Ils sont, c’est vrai, quelques-uns dans les
familles de Kernabat… Mon père , lui-même, né en 1880, allait devenir à
son tour charpentier navire.
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