Retour à l'accueil

ECHO DE SAINT-PIERRE N° 221, mars 2010

LES BORNES – FONTAINES
    
    
L’EAU EST DANS LA RUE

    Si mes souvenirs sont bons, c’est vers 1932 que les bornes-fontaines (appelées aussi pompes) furent installées un peu partout, à Saint-Pierre-Quilbignon... Et c’est ainsi que la route des Quatre-Pompes (si bien nommée) s’en trouva dotée. Pour le haut du quartier du Barullu(1), la pompe fut installée à l’angle de la maison faisant face au chemin de la ferme de Kernilis(2). Pour ne pas être en reste, la seconde trouva tout naturellement sa place à l’angle de la dernière maison de la lignée, autrefois maison de la buée, avant de devenir la maison de Tante  Henriette... Pompe, donc, faisant comme un pied de nez au lavoir, mais surtout à la fontaine qui se trouvait 50 m plus bas !

QU’IL VIENNE LE FEU MAINTENANT !...

    La satisfaction était générale. Quelle ingratitude envers la vieille fontaine ! La pompe quant à elle, au robinet-poussoir si rutilant, était jumelée à un boitier de prise-incendie qui pouvait combler les plus inquiets. Plus de crainte ! Qu’il vienne le feu maintenant !... Les services municipaux étant à l’avant-garde, cette prise était ouverte une fois par semaine, en début de matinée, pour purger le circuit mais aussi pour chasser les détritus et laver les pavés des trottoirs souillés par les restants de vaisselle. Certes les moineaux, très présents, ne s’en plaignaient pas mais pour ce qui est des passants, il valait mieux raser les murs ou marcher au milieu de la route surtout quand ça vous tombait de l’étage. Dame ! pas d’évier à l’époque. Mais pour en revenir au lâcher d’eau, favorisé par la pente, il ne laissait pas les riverains indifférents. Mobilisation générale... Et ça frotte et ça papote... Les balais étaient de sortie !
    D’ailleurs nous les garçons réputés si inventifs, nous nous étions vite adaptés, n’hésitant pas à mettre la main sous le robinet, arrosant les collègues de passage  mais surtout les filles. Pas de pitié mais, attention, vous connaissez l’adage de l’arroseur arrosé, alors prudence s’il vous plaît...

A DEUX PAS POUR CERTAINS...

    Quel progrès ! Quel soulagement ! Une véritable révolution dans le quartier et même au-delà. Ceux de Kernabat, tout comme nous, avaient reçu leur pompe. Plus besoin de se tordre les chevilles, lors de la corvée d'eau, dans les escaliers si instables du « Lapin Blanc ». Au Barullu, d’ailleurs, nous n’en étions pas mécontents : plus de récipients à la propreté douteuse plongeant dans la fontaine !

LA RENAISSANCE ET L’ESPOIR

    L’eau de la fontaine du Barullu a trôné sur bien des tables et ce depuis un temps « immémorial », comme le proclamait Guillaume Laziou(3) et son ami Gestin en 1859. Hommage donc à notre vieille servante, à l’eau si limpide, si fraîche en été et presque tiède en hiver. Allez comprendre, c’était comme ça ...  Elle en a vu passer bien du monde avant 1932 et moins après sans doute. Elle en a vu des blanchisseuses au travail si pénible. Elle a même vu ces garçons qui venaient discrètement faire évoluer leurs bateaux le dimanche matin quand tout était calme et propre de la veille...
    Il y a eu la guerre, le lavoir a été mortellement atteint. Mais cette histoire est-elle finie ? Eh bien, non ! Les années ont passé et puis voilà, notre vieille fontaine vient d’être remontée. Elle a resurgi dans le paysage et semble regarder vers le haut... « Mais où est donc passée la borne ? » semble-t-elle dire.
    Notre fontaine n’a pas été oubliée et nous remercions la municipalité et les responsables et acteurs de B.M.O. de sa restauration.  Le lavoir, au passé tout aussi prestigieux, saura lui aussi retrouver sa place. La fontaine veille sur lui...
On peut la voir à 50 mètres plus bas que le 56 rue des Quatre Pompes.
    François  Kergonou

1) Barullu, nom du quartier, s’identifie sur environ 400 mètres en haut de la route des Quatre-Pompes
2) Aujourd’hui rue Victor Cousin
3) Additif de la Vallée des lavoirs, Mémoire de St Pierre, parue en 1991  (Guillaume Laziou était le grand-père de celui qui vous écrit).

retour en haut de page