ECHO DE ST-PIERRE N° 22, Juin 1990
LE CYCLISME A ST PIERRE
SOUVENIRS . . . SOUVENIRS . . .
Le cyclisme a toujours été un sport au fort impact populaire.
Les exploits des champions auraient (et ont toujours d'ailleurs ...) un
grand retentissement. Dans les années 30, à une époque où le vélo était
omniprésent, notamment comme moyen de transport individuel, de nombreux
jeunes Quilbignonnais pratiquaient le sport cycliste en catégorie
"licenciés" ou non licenciés .
A Recouvrance, un marchand de cycles, Mr Stéphan, organisait ce qui
s'appelait le circuit NORA (du nom d'une marque de cycles). Cette
course se déroulait lors du Pardon de Recouvrance et attirait beaucoup
de spectateurs.
A titre indicatif, le circuit de 1934 comportait deux étapes :
- La 1ère (95 km) présentait l'itinéraire suivant : Recouvrance / Le
Trez-Hir / St-Mathieu / Le Conquet / Ploumoguer / Lanildut /
Ploudalmézeau / St-renan / Pont Cabioch / Recouvrance (rue Armorique).
Le vainqueur en fut Rosmorduc.
- La seconde amenait les coureurs dans le secteur de Landerneau,
Guipavas (120 km) . L'arrivée se jugeait au haut de la rue des
Remparts. Le vainqueur en fut P Blons, et le classement général fut
remporté par Rosmorduc.
C'est à l'issue de cette course de 1934, où de nombreux concurrents
quilbignonnais furent remarqués, que la décision de créer la Club
Cycliste Quilbignonnais (C.C.Q.) fut prise. Le Président en fut Victor
Eusen, et parmi les responsables on notait aussi Mrs Anatole Carval et
Jestin, et un entraîneur, Gabriel Le Goff .
Les champions du Club, à l'époque, s'appelaient : Léon Rivoal, Maurice
Roué, Rannou, les frères Gestin (4), les frères Gourmelon, P. Blons,
l'Hopital, Le Her, Le Lay, les frères Bourhis, Deniel, Rosmorduc, Manu
Pelleau ...
Le C.C.Q. organisait 3 courses réservées aux membres du Club:
Deux courses en ligne de 50 et 100 km et une course contre la montre
sur une côte à escalader; soit celle de Ste-Anne, de la Grande Rivière,
ou du Minou. La course de 50 km se déroula parfois aussi contre la
montre.
II organisait par ailleurs deux autres courses ouvertes aux différents
clubs avec classements individuels et par équipes : le Challenge
Gloanec et le Challenge Witterscheim. Le circuit amenait les
concurrents très loin dans ta campagne et l'arrivée, devant le
cimetière de St-Pierre, charriait de nombreux spectateurs.
Le matériel n'était pas celui d'aujourd'hui : les jantes étaient en
bois, les pneumatiques plus larges, c'était le début du dérailleur (3
vitesses) et tous les concurrents du peloton n'en étaient pas équipés.
Le double-plateau ne viendra que bien plus tard.
La préparation des coureurs n'était pas affinée comme aujourd'hui : pas
de diététique, entraînement moins étudié, déplacement à vélo le jour
des courses ... Ainsi, pour faire une course à Berrien, cela
représentait 120 km aller-retour en plus de 80 km de course ! Sans
compter que ces déplacements se pratiquaient en petits groupes, où
coureurs et accompagnants menaient bon train et s'affrontaient souvent
sur le parcours ...
Tout ceci pour souligner la valeur athlétique de ces courses qui se
menaient à une moyenne se situant autour de 35/36 km/h. Et n'oublions
pas que les routes n'étaient pas si roulantes qu'aujourd'hui !
Après la guerre 39-45, l'intérêt pour le vélo était toujours aussi
grand. Le C.C.Q. continuait, d'autres dirigeants l'animaient : Mrs
Picot, Plougoulm, Deslandes, Boulbry ...
D'autres coureurs portaient ses couleurs (bleu et rouge) : P. Blons,
Guengant, Deroff, Jo Gourmelon, Josset, Cahaignon, Boutjema, Urien,
Vaillant, Bihannic ...Ce dernier est sans contexte le coureur
Quilbignonnais au plus beau Palmarès. Excellent coureur régional, il
obtient de bonnes places dans les épreuves nationales et fit même le
Tour de France, ceci dans les années 1955 / 60.
La grande épreuve qu'organisait le C.C.Q. était le challenge Victor
Eusen, qui attirait la grande foule lors de l'arrivée devant le
cimetière. On y venait en famille et on cherchait la bonne place pour
mieux apprécier l'effort des coureurs.
Puis le vélo perdit de son attrait: le scooter, la mobylette, et
surtout la voiture amenèrent à le remiser. Le C.C.Q. disparut lui aussi
et il fallut attendre de nombreuses années pour revoir une course
cycliste à St-Pierre grâce à l'initiative de quelques personnes.
Voici évoqué le souvenir du Club Cycliste Quilbignonnais grâce aux
confidences de deux fidèles amis du vélo, Jean Venec et François
Gourmelon. Ce dernier porta les couleurs du C.C.Q. à sa création et sa
passion pour le cyclisme ne se démentit jamais.
Il faut dire que la famille Gourmelon et le vélo, c'est toute une histoire ...à St-Pïerre.
J.P. Madec