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ECHO
DE SAINT-PIERRE N° 219, janvier 2010
Celui qui essaya de faire voler un «plus lourd que l'air», à Brest :
Jean-Marie Le Bris en 1868
C'est
à l'emplacement de l'actuel centre commercial Iroise qu' il y a
142 ans, un marin breton fit les essais de vol d'un engin plus
lourd que l'air qu'il appela ALBATROS en souvenir de ce grand oiseau
des mers australes et du Pacifique nord (envergure de 3 m environ) qui
l'avait inspiré.
Cette machine volante était
un planeur plutôt qu'un avion car elle n'était pas motorisée.
Elle était pourtant équipée d'un système de réglage du profil des ailes
qu'un pilote embarqué pouvait régler. Ce système était-il prévu pour
imiter le battement des ailes d'un oiseau ou pour stabiliser
l'engin ? Je ne sais pas.
Avant l'Albatros
Jean-Marie Le Bris avait fabriqué et essayé un autre aéronef
similaire, à Douarnenez, en 1857 : la BARQUE AILEE. Je ne vous
raconterai pas ici les anacdotes liées à ces essais, mais allez voir
sur le web ou dans les livres indiqués en annexe : c'est amusant !
Cette histoire a inspiré une association du même nom qui s'est lancée
le défi de fabriquer des répliques à l'aide de spécialistes de l'école
supérieure du bois à Nantes et de 2 lycées du Finistère en 2002 et 2003.
Et ils ont réussi ! Elles sont d'ailleurs exposées depuis au musée de
l'air et de l'espace au Bourget.
Revenons à Saint-Pierre Quilbignon.
Nous sommes en 1868. La Marine dispose d'un grand terrain
d'entraînement pour les tirs d'artillerie : le Polygone. Elle le mettra
à disposition pour faire les essais de vols. Les ateliers de l'arsenal
de Brest sont aussi mis au service du capitaine Le Bris. La compagnie
transatlantique accepte d'héberger le chantier dans son vaste entrepôt
du port Napoléon. (la photo doit, d'ailleurs, être prise devant
celui-ci). Lorsque l'engin fut prêt, on le «voitura» jusqu'aux hauteurs
de Saint-Pierre. L'oiseau artificiel sera posé sur une charrette
bloquée à l'arrêt, qui ne servira qu'à donner un angle de décollage,
et le tout va être posé en haut d'un talus du Polygone. Puis les marins
du navire-école Le Borda n'auront plus qu'à le tirer à l'aide d'un
câble pour essayer de le faire décoller. Encore une précision, mais de
taille : Jean-Marie Le Bris ne sera pas autorisé à monter à bord de L'
Albatros. Pourquoi ? Trop de risques d'accident ! (ceux de 1857 n'ont
pas été oubliés !) . Dommage car avec aucun pilote à bord il devient
impossible de régler les ailes ! Bref, ils font décoller l'oiseau une
première fois puis une deuxième où il s'écrasa au sol et fut
complètement détruit. Il serait tout de même monté à 50 m de hauteur et
aurait parcouru une distance de 200 m .
Bel exploit quand même pour cette année 1868 car je
vous rappelle que c'est Clément Ader qui inventa le premier avion à
moteur à vapeur en forme de chauve-souris, avec pilote à bord. C'était
22 ans après, en 1890 ! Il parcourut une distance de 50m, et ne décolla
que de quelques centimètres . L'engin s'appelait EOLE.
C'est amusant le talus d'où a sans doute décollé l'Albatros s'appelle de nos jours le Parc d'Eole ....
Nathalie Guilard
Bibliographie
: différents articles dont ceux du «centre généalogique du finistère»
n°110 de juin 2009, du «chasse-marée» n°214 de 2009, et du site
internet de l'association «la barque ailée»
Voir aussi l'Echo de Saint-Pierre n° 90 de mars 1997 retour
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