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ECHO
DE SAINT-PIERRE N° 212 avril 2009
LA FENAISON ( la coupe et la récolte des foins)
Vers 1950, le foin et la betterave sont les
aliments principaux de la nourriture hivernale des chevaux et des
vaches laitières des fermes de Saint-Pierre. Le foin est surtout
récolté dans les prairies naturelles qui sont les zones humides
d’aujourd’hui.
On prépare le terrain
Les préparatifs de la fenaison commencent pendant l’hiver. Il
faut niveler la prairie et ouvrir les fossés de drainage. Les
troupeaux y ont pâturés jusqu’à l’automne et ils ont défoncé les
endroits les plus humides. Sans aucun entretien, ce serait envahi de
roseaux et de joncs.
Au début du printemps,
les fossés servent aussi à irriguer la prairie. Le but est de
réchauffer la prairie (en effet la prairie est une zone froide,
le fait de mettre un peu d’eau permet aux rayons de soleil
de réchauffer l’eau qui, tiédie, active la pousse de la végétation) et
de lui apporter des éléments fertilisants.. Si on la parcourt à cette
période, on voit dans les fossés des masses gélatineuses de plusieurs
litres : ce sont des oeufs de grenouilles qui deviendront bientôt des
têtards.
On coupe le foin
Le
premier lundi de juin, à Traon Bihan, les foins sont coupés. L’équipe
de faucheurs arrive dans la nuit, la faux attachée sur le
cadre de leur vélo. Ils viennent de la région de Bourg Blanc et
Plouvien. Leur journée commence au lever du jour par l’affûtage qui
dure plus d’une demi-heure et qui sera renouvelée après le repas de
midi. La fauche est autant un travail d’adresse que de force et
l’affûtage est l'atout des meilleurs faucheurs ! Après
un petit déjeuner copieux, les faucheurs rejoignent la prairie. Le
chantier commence du côté du lever du soleil pour réserver les endroits
moins chaud pour l’après- midi. Le plus vaillant prend le premier
andain (alignement de foin) : c’est le plus dur ! le deuxième
suit à deux mètres et les moins aguerris suivent à leur
rythme. Il faut une journée à une douzaine de faucheurs pour couper les
trois hectares de prairie de Traon Bihan.
Pendant les trois ou quatre jours suivants, la faneuse, entraînée
par un cheval, retournera le foin. Dans les endroits les plus
humides, il est retourné manuellement.
Aussitôt que le foin est sec, on le met en petites meules d’une fourchée. Il attend ainsi une belle journée.
On ramasse le foin
Il
va falloir ramasser le foin et le mettre en tas sur l'exploitation.
L’emplacement du tas de foin a été préparé la veille : des fagots
de bois ont été rangé au sol, on y a posé ensuite une couche de fougère
ou de paille pour protéger le foin de l’humidité. Le matin, les meules
sont renversées pour finir le séchage. L’après midi les trois ou
quatre exploitations de l’équipe d’entraide organisent deux chantiers :
un à la prairie avec 5 hommes dont le charretier, un autre au tas
avec 3 ou 4 hommes. Des renforts arriveront au cours de l’après midi :
des ouvriers du port ayant pris une demi journée ou une heure. Ils sont
bienvenus car, dans la prairie, les charrettes ne peuvent approcher les
endroits humides. A la maison le tas de foin prend de la hauteur, il
faut surveiller l’aplomb. Lorsque le tas devient trop haut, on met des
manches plus longs au fourches. Un escalier sur roues à 4 ou 5 marches
est aussi utilisé. Il est surnommé "casse gueule". La dernière
charge arrivera ornée d’un bouquet qui sera mis sur le tas avec
la dernière fourchée. Au cours de l’après- midi, des
rafraîchissements ont été servis : bières, vin et limonade. A 16
h, il y a eu une pause casse-croûte.
La journée se terminera par un repas pris en commun.
Jean-Pierre Nicol
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