La Maison Blanche au fil du temps
Actuellement
la Maison Blanche est un charmant petit port de plaisance avec ses
cabanes de pêcheurs colorées, mais qu’en
était-il dans les siècles passés ?
Ce petit port a joué un rôle important
pour notre cité
Le peuplement de la commune s’est en partie réalisé
par la mer. Notre petit port a vu avant le X ème siècle
débarquer des immigrants d’Outre Manche. On pourrait y
trouver là l’origine de l’ancienne appellation :
Porz Houarnec1. D’après les recherches de Bernard
Tanguy, l’origine de « Houarnec » proviendrait
de Saint Hervé mais sans certitude. D’ailleurs le lieu-dit
de Lanhouarnec existe toujours (camping du Goulet).
La crique s’appelait encore Port Houarné en 1690 quand M.
Jongleur 2 établit son rapport pour recenser «les
eaux bonnes à boire qui pourraient servir à alimenter la
ville de Brest». Les travaux pour amener les eaux du Vallon de
Houarné, de celui de Sainte Brigitte…
jusqu’à l’aiguade (réserve d'eau) des Quatre
Pompes débutèrent dès le mois de juin de cette
même année.
En 1850, Le Baron de La Pylaie3 nous apprend que le lieu se
serait également appelé Anse Garin du nom d’un
ancien pêcheur qui s’y était établi.
L’appellation Maison-Blanche proviendrait du cabaret dont les
murs avaient été blanchis à la chaux et servait
ainsi d’amer aux bateaux.
Notre petit
port était alors un lieu d’échanges maritimes
importants, notamment avec la presqu’île de Crozon et plus
précisément Lanvéoc. Car avant 1861, date de
l'inauguration du Grand Pont de Recouvrance, il fallait faire un
grand détour pour se rendre à Brest. On devait passer par
le hameau de Penfeld et les chemins étaient en mauvais
état. Aussi, les paysans, avec leurs bestiaux passaient par la
mer pour se rendre aux foires qui se tenaient de part et d'autre de la
rade.
La demande de construction
d’une cale sera évoquée à maintes reprises
aux délibérations du conseil municipal, comme en 1922
où on peut lire : «Considérant qu’une cale
à la Maison Blanche rendrait également d’immenses
services aux cultivateurs de Saint Pierre et de Plouzané, qui
viennent y chercher les engrais marins apportés par bateau, mais
que ce déchargement est très difficile actuellement
…». Il faudra attendre 1977 pour voir le premier
aménagement de la cale.
Une vallée riche en moulins
Sur le cadastre datant de 1834, on dénombre pas moins de quatre
moulins à eau dans la partie basse de la vallée, entre
l’actuelle rue de Pont-à-Louet et la Maison Blanche :
- Le moulin de Pont Allouet (il y en aurait même eu deux à cet endroit)
- Le moulin du Lanneuc
- Le moulin du Hildy
- Le moulin de Ponthouarnec à la Maison Blanche
Les fours à chaux
Autrefois,
il y avait 2 fours à chaux sur la grève. Ils
étaient alimentés par la pierre calcaire extraite de
l'Ile Longue et l'Ile Ronde. Ils ont servi à la construction du
fort du Portzic.
Peu avant 1940, lieu de baigna
de
et de jeux, cette grève était fréquentée
par les gens de la rive droite qui venaient y passer le dimanche en
famille. Les poussettes étaient chargées du
matériel pour pique-niquer sur les galets ou sur l’herbe.
Une marchande de frites y tenait boutique. Pour illustrer cette
époque, laissons la parole au journaliste
de la Dépêche du 30 juin 1940 : «Derrière le
rideau de maisons qui fermaient la plage il y avait un vallon superbe,
des bois, des moulins, deux étangs et des sentiers fleuris de
genêts menant à la grande route de Saint
Anne…»
C’était
un village paisible jusqu’au désastre du mois de juin 1940
qui a vu son anéantissement par l'incendie des cuves à
mazout : 14 maisons furent détruites et dès le mois
d’août 1940 la municipalité prit la décision
d’exproprier les immeubles sinistrés afin de permettre
l’élargissement de la chaussée.
La Maison Blanche d’avant guerre ne sera plus mais une autre
très agréable est née…
Nelly Menez.
1 Hervé Cadiou, les cahiers de l’Iroise N° 157
2 Prosper Levot, Histoire de la ville et du port de Brest
3 Le Baron de La Pylaie, journal l’Armoricain août 1845, document remis par Michel Floc’h
Photo : La Maison Blanche vers 1930