ECHO DE SAINT-PIERRE N° 201 mars 2008

La Maison Blanche au fil du temps
   
Actuellement la Maison Blanche est un charmant petit port de plaisance avec ses cabanes de pêcheurs colorées, mais qu’en était-il dans les siècles passés ?

Ce petit port a joué un rôle important
 pour notre cité
    Le peuplement de la commune s’est en partie réalisé par la mer. Notre petit port a vu avant le X ème siècle débarquer des immigrants d’Outre Manche. On pourrait y trouver là l’origine de l’ancienne appellation : Porz Houarnec1. D’après les recherches de Bernard Tanguy,  l’origine de « Houarnec » proviendrait de Saint Hervé mais sans certitude. D’ailleurs le lieu-dit de Lanhouarnec existe toujours (camping du Goulet).
    La crique s’appelait encore Port Houarné en 1690 quand M. Jongleur 2  établit son rapport pour recenser «les eaux bonnes à boire qui pourraient servir à alimenter la ville de Brest». Les travaux pour amener les eaux du Vallon de Houarné, de celui de Sainte Brigitte… jusqu’à l’aiguade (réserve d'eau) des Quatre Pompes débutèrent dès le mois de juin de cette même année.

        En 1850, Le Baron de La Pylaie3  nous apprend que le lieu se serait également appelé Anse Garin du nom d’un ancien pêcheur qui s’y était établi. L’appellation Maison-Blanche proviendrait du cabaret dont les murs avaient été blanchis à la chaux et servait ainsi d’amer aux bateaux.

    Notre petit port était alors un lieu d’échanges maritimes importants, notamment avec la presqu’île de Crozon et plus précisément Lanvéoc. Car avant 1861, date de l'inauguration du Grand Pont de Recouvrance, il fallait faire  un grand détour pour se rendre à Brest. On devait passer par le hameau de Penfeld et les chemins étaient en mauvais état. Aussi, les paysans, avec leurs bestiaux passaient par la mer pour se rendre aux foires qui se tenaient de part et d'autre de la rade.
 
    La demande de construction d’une cale sera évoquée à maintes reprises aux délibérations du conseil municipal, comme en 1922 où on peut lire : «Considérant qu’une cale à la Maison Blanche rendrait également d’immenses services aux cultivateurs de Saint Pierre et de Plouzané, qui viennent y chercher les engrais marins apportés par bateau, mais que ce déchargement est très difficile actuellement …». Il faudra attendre 1977 pour voir le premier aménagement de la cale.

Une vallée riche en  moulins
    Sur le cadastre datant de 1834, on dénombre pas moins de quatre moulins à eau dans la partie basse de la vallée, entre l’actuelle rue de Pont-à-Louet et la Maison Blanche :
- Le moulin de Pont Allouet (il y en aurait même eu deux à cet endroit)
- Le moulin du Lanneuc
- Le moulin du Hildy
- Le moulin de Ponthouarnec à la Maison Blanche

Les fours à chaux
Autrefois, il y avait 2 fours à chaux sur la grève. Ils étaient alimentés par la pierre calcaire extraite de l'Ile Longue et l'Ile Ronde. Ils ont servi à la construction du fort du Portzic.
     
    Peu avant 1940, lieu de baign
ade et de jeux, cette grève était fréquentée par les gens de la rive droite qui venaient y passer le dimanche en famille. Les poussettes étaient chargées du matériel pour pique-niquer sur les galets ou sur l’herbe. Une marchande de frites y tenait boutique. Pour illustrer cette époque, laissons la parole au journaliste de la Dépêche du 30 juin 1940 : «Derrière le rideau de maisons qui fermaient la plage il y avait un vallon superbe, des bois, des moulins, deux étangs et des sentiers fleuris de genêts menant à la grande route de Saint Anne…»

    C’était un village paisible 
jusqu’au désastre du mois de juin 1940 qui a vu son anéantissement par l'incendie des cuves à mazout : 14 maisons furent détruites et dès le mois d’août 1940 la municipalité prit la décision d’exproprier les immeubles sinistrés afin de permettre l’élargissement de la chaussée.

     La Maison Blanche d’avant guerre ne sera plus mais une autre très agréable est née…
Nelly Menez.

1  Hervé Cadiou, les cahiers de l’Iroise N° 157
2  Prosper Levot, Histoire de la ville et du port de Brest
3  Le Baron de La Pylaie, journal l’Armoricain août 1845, document remis par Michel Floc’h

Photo : La Maison Blanche vers 1930

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