ECHO DE SAINT-PIERRE N° 199 janvier 2008

La batterie extérieure du Portzic       
  
        La deuxième moitié du XIXe siècle a vu l'explosion des techniques industrielles. Les conséquences militaires avaient déjà été mises en évidence pendant la guerre de Crimée (1854-56) et la guerre de Sécession américaine (1861-65) : chemin de fer, machines à vapeur, navires en fer, puis cuirassés, canons rayés se chargeant par la culasse.

    Le manque de préparation des armées françaises et en particulier leur retard technologique en armement, a été une des raisons, avec un commandement inadapté, de la défaite française de 1870. Après le paiement d'une rançon énorme (5 milliards de francs-or) à l'Allemagne, la France a essayé de rattraper son retard en lançant un programme considérable de réarmement. Il concernait la frontière de l'Est du fait de la perte de l'Alsace-Lorraine, mais aussi les ports militaires du fait de rivalités récurrentes avec la Grande-Bretagne.

    A partir de 1874, on construit des batteries tout autour de la rade de Brest, qui compteront encore plus de 300 canons en 1900. La partie la mieux défendue est bien sûr le Goulet, armé par 50 (il en était prévu 70) canons de 32 cm (obus de 400 kg), mais aussi des canons de 24 cm, de 100 mm, des mortiers. L'un des points forts était la Pointe du Portzic.

    Pour rendre la situation intenable à une escadre qui aurait réussi à franchir le Goulet, des batteries couvraient la Rade (Maison Blanche, Brest, Plougastel, Lanvéoc, Ile Longue, Roscanvel). L'une des plus importantes était installée à Maison Blanche, abritée derrière le fort du Portzic, en 1877-78.

    Elle comprenait, d'Est en Ouest, des emplacements pour 2 canons de 32 cm et 4 canons de 24 cm, séparés par des magasins à munitions qui abritaient les obus dans des salles voûtées construites dans les traverses, ces buttes de terre qui séparaient les canons de façon à éviter les coups d'enfilade.

    Les gargousses de poudre noire étaient conservées à l'écart dans un magasin souterrain, très bien conçu pour conserver une température et une humidité constantes. La salle voûtée était construite sur un vide sanitaire ventilé. Elle était entourée d'une gaine ventilée, couloir étroit qui l'isolait de la masse de terre. L'éclairage se faisait par des lampes à pétrole, isolées derrière un verre épais et inaccessibles de l'intérieur de la soute. Enfin, en partie supérieure, des évents étaient disposés pour diminuer les effets d'une explosion du local.

    En 1888, on envisagea d’y installer une batterie de 6 canons de 100 mm, ou, à défaut, 6 canons 90 mm Modèle Marine 1881, mais l'absence de crédits a eu raison de cette intention, et les vieux canons de 1877 restèrent en place.

    En 1914, contrairement à la plupart des batteries de Brest, les canons furent jugés trop vieux pour être envoyés au front. On peut encore les deviner sur les photos aériennes de 1919 du site de la Mairie de Brest (www.mairie-brest.fr/archives/photos-aeriennes-anciennes.htm).
Depuis cette époque, la végétation a eu raison du travail des hommes.
Yves Hubert

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