ECHO DE SAINT-PIERRE N° 195 septembre 2007

La centrale électrique souterraine
du Portzic
 
    La centrale fut longtemps ignorée puisque inaccessible. elle est visible aujourd’hui, en partie, pour le promeneur utilisant le chemin côtier reliant Sainte-Anne à la Maison Blanche. Sa construction fut décidée en remplacement des usines de Brest, Lorient et Saint-Nazaire, qui avaient été détruites pendant les hostilités, l’Arsenal de Brest étant le principal client à alimenter.

    Les projets EDF et Marine furent conjugués, la Marine s’intéressant particulièrement à une installation protégée. Le choix de l’emplacement s’est porté sur la région du Portzic, en raison de la configuration et de la nature du terrain : une protection de 40 mètres d’épaisseur de rocher au minimum au-dessus des ouvrages, la proximité de la mer, qui permettrait un ravitaillement direct en combustible liquide par bateau, la proximité des parcs de combustible de la Marine, avec lesquels une liaison par pipe-line est assurée.
    Les travaux ont duré de 1947 à 1951. Une galerie de 160 mètres de long, haute de 7 mètres, large de 7 mètres, permet l’accès à deux alvéoles. La principale a une longueur de 83 mètres, une largeur de 20 mètres, une hauteur de voûte de 27 mètres, et elle abrite les réservoirs à mazout et les installations en pompage d’eau de mer. Tout ceci est complété par trois puits de 49 à 57 mètres de hauteur pour la prise d’air frais, l’évacuation des fumées, les liaisons par câbles et les ascenseurs. Seuls les bureaux et des réservoirs à mazout sont installés en surface.
    Ce chantier était imposant, une nombreuse main-d’oeuvre y a participé. Il fut aussi très meurtrier, il y a eu 33 morts. Le personnel de conduite de la Centrale était constitué par des effectifs venus de différentes centrales de l’Ouest de la France. La grande majorité du personnel (41) furent logés dans une cité pavillonnaire à  Keranroux, construite spécialement pour eux en 1952

    En 1962 fut construite une turbine à gaz de 20000 kw. Une turbine à gaz est un énorme moteur à réaction qui entraîne une turbine. Le prix de revient du KW est plus élevé que celui d’une centrale vapeur, mais son prix d’installation est bien plus bas. L’avantage de la turbine à gaz est sa grande souplesse d’utilisation. Il lui suffisait de 20 minutes pour être à pleine charge, contre 6 heures à la centrale vapeur. C’est un groupe qui ne tournait qu’aux heures de pointe, quand EDF vendait ses KW au prix élevé. Ainsi, son utilisation est rentable.

    La centrale vapeur fut déclassée en 1976, seule fut maintenue la centrale à gaz. En 1980, après démontage de la centrale vapeur, fut installé, toujours dans le souterrain, deux groupes de 20 000 kw actionnés par moteur diesel. La turbine à gaz fut déclassée en même temps, de même qu’était démontée la centrale diesel.
    En 1986, le Centrale du Portzic n’a plus produit de courant électrique. L’alimentation de la région est maintenant assurée par la Centrale de Cordemais, la Centrale nucléaire de Chinon et pour une bien moindre part, par l’usine marémotrice de la Rance, les pointes étant écrêtées par des turbines à gaz installées à Dirinon et à Brennilis.
    Et voilà ! La Centrale du Portzic a vécu. Pendant plus d’une trentaine d’années, elle a participé à la fourniture d’électricité de la région Bretagne.

R. Ropars et JP. Madec