ECHO DE SAINT-PIERRE N° 189 janvier 2007


LA BASTIDE BARRÉ

                     

     La " Bastide Barré ", aussi appelée " Chapelle Jésus" était située dans le secteur de la Cavale Blanche.

    Il y a 200 ans, sur les rives de la Penfeld, on pouvait trouver de nombreuses maisons bourgeoises que l'on appelait des Bastides. Celle dont je vais vous parler aujourd'hui n'existe plus : elle est enfouie sous plusieurs mètres de terre sous la porte d'entrée du Complexe Sportif de la Cavale Blanche (Avenue de la Libération).

    La Bastide Barré, du nom de son propriétaire Nicolas Barré négociant à Brest, était une magnifique demeure entre Kervallon et Kerorven. Elle est  située non loin de l'Ile Factice, construite par les bagnards entre 1803 et  1818, et où se trouvaient les entrepôts de bois de la Marine entourés de hauts murs. Sur une surface de 3 hectares on  trouvait des jardins en terrasses couverts d'arbres fruitiers, la petite Chapelle Jésus, et à ses côtés, une belle fontaine. L'eau qui en sortait s'écoulait par des conduites de plomb jusqu'aux bâtiments construits en contrebas.

    Dans le bail consenti aux époux Le Page en 1806, on relève des détails intéressants :
    - Dans le douet (lavoir) couvert d'ardoises et alimenté par deux robinets de cuivre, les locataires peuvent laisser buander les particuliers qui leur donnent confiance. Mais ceux-ci ne doivent pas étendre le linge mouillé sur les arbres fruitiers.
    - Pendant la belle saison, ils peuvent louer ou sous-fermer un ou plusieurs appartements (les touristes peuvent venir en barque et accoster dans l’anse à proximité).
    - Ils sont autorisés à vendre de la boisson, sauf aux militaires, aux permissionnaires et aux employés de la construction de l’Ile Factice.

    Les lieux furent entièrement détruits pendant le siège de Brest en 1944. La maison,  reconstruite dans les années 50, devait disparaître à nouveau lors de l’aménagement de la zone de la Cavale Blanche . Seule la petite cloche de la chapelle existe encore, récupérée par un amateur. Elle est le seul souvenir de ce lieu si apprécié des Brestois.
Jean Pochart

La photo ci-contre date de 1920. On voit l'île Factice au premier plan, et plus loin, la bastide Barré que l'on peut situer près du complexe sportif actuel de la Cavale Blanche.
Le petit oratoire, appelé Chapelle Jésus situé derrière la bastide, en bordure du chemin de Kerorven, a été détruit vers la fin du XIXème. On en retrouvait quelques ruines vers 1940.
 La parcelle s'appelait "ar Chapel".

 


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 un extrait d'une carte des archives de la marine, datant de 1868. On peut y voir que l'Ile factice était bien une île à cette époque. La Penfeld était encore ouverte, la porte de l'Arrière-garde n'existait pas