ECHO DE SAINT-PIERRE N° 177 novembre 2005

La plus grande sablière du Finistère à l'orée de Saint- Pierre

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En circulant sur la route Plouzané-Guilers, n'avez-vous pas remarqué de grands monticules de sable de chaque côté de la route ? Ils sont plutôt impressionnants, pour comprendre leur présence, il nous faut faire un petit retour en arrière: environ 35 millions d'années plus tôt !

A cette époque la rade de Brest n'existait pas, l'Aulne et l'Elorn se déversaient vers le nord ouest à travers la basse vallée de la Penfeld pour rejoindre la mer à Lanildut (en sens inverse du courant actuel). Ceci explique donc l'abondance de sable aux sources de l'Ildut, dans la zone de Bodonou. D'ailleurs, les eaux du cours supérieur de l'Aber Ildut se déversent entièrement dans la Penfeld , en empruntant le canal de dérivation créé vers 1783 pour grossir l'apport d'eau nécessaire aux forges de La Villeneuve.

La sablière de Bodonou (140 ha), d'où sont extraits sables et graviers pliocènes, est située à cheval sur les communes de Brest, Guilers et Plouzané. C’est la continuité des anciennes extractions d'étain de la vallée de Saint Renan.

Une carrière à ciel ouvert

Spectacle inattendu que l'on peut découvrir en se promenant sur le chemin intercommunal inauguré au mois de juin dernier. Ce sentier longe l'exploitation et permet de relier la chapelle de Bodonou (XVème siècle) à la route de Guilers- La Trinité. En semaine, lorsque l'activité bat son plein, de gros engins de terrassement sont à l'œuvre, un tapis convoyeur de 3 Kms transporte les sables et graviers jusqu'à l'usine de lavage. Un canal de colature encercle l'exploitation qui est par ailleurs clôturée.

Le réaménagement de la carrière en zone naturelle humide diversifiée au fur et à mesure de l'exploitation, permet à la nature de reprendre progressivement ses droits. En fait, l'exploitant est tenu de remettre le site en état : paysage à remodeler, sols à reconstituer… le tout sous le pilotage de Brest Métropole Océane et divers partenaires.

Cette réhabilitation, fruit d'une réflexion collective, rend possible une recolonisation naturelle progressive de la végétation et de la faune. Plans d'eau, roselières, zones humides et tourbeuses, terrains agricoles se côtoient en bon voisinage.

D'ailleurs un tas de gravats disgracieux a trouvé usage ; sa nouvelle affectation en belvédère permet d'observer la nature et d'avoir une vue imprenable sur les alentours et notamment jusqu'à Saint-Pierre.

La Petite Russie

Ce lieu est également appelé "Petite Russie", dénomination que l'on doit aux chasseurs encore nombreux dans cette zone. Les brouillards tardent à se dissiper les matins d'automne, les korrigans vous frôlent…

En fait, il s'agit là d'une zone marécageuse qui fascine, la symbolique y est très forte et toutes les croyances anciennes qui n'ont plus cours actuellement ressurgissent lorsqu'on s'y promène.

La Petite Russie a sans doute toujours une zone d'extractions : de la tourbe qui servait de moyen de chauffage, de la terre glaise et semble t-il, de l'étain dès l'Antiquité.

Cet endroit est d'autant plus intéressant que c'est la zone humide la plus vaste et la plus diversifiée des environs de Brest. Il subsiste encore des zones de landes humides qui abritent des espèces végétales spécifiques. Il est nécessaire de préserver cet espace remarquable, un comité de suivi vigilant se charge de cette tâche, à nous promeneurs de respecter ce site.

N elly  Menez

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