ECHO DE SAINT-PIERRE N° 174 - juin  2005

LES ANNÉES 50 A SAINT-PIERRE QUILBIGNON

1 - FEUX DE LA SAINT-JEAN AU PETIT PARIS

Oui ! Qu’ils étaient beaux, nos feux de la St Jean dans le petit hameau de PEN-AR-VALY qui était situé au carrefour de la Rue Cuirassé Bouvet et de la rue Tartu. Maintenant se dresse la résidence pour personnes âgées, ainsi que des immeubles.

Avant, il n’y avait que 3 fermes (Quinquis, Abiven-Péoc’h et Le Bourt), ainsi que quelques maisons.

Mais passons ! A l’approche du 24 juin, jour de la St Jean, nous allions dans les terrains de landes, car il y en avait beaucoup à l’époque, couper des ajoncs, des branches mortes, et récupérer des vieilles planches ou madriers qui ne servaient plus à nos parents, car à l’époque, le bois était utilisé au chauffage des maisons, ou encore à fabriquer des meubles, rien n’était jeté. Donc, une fois accumulés tous ces « trésors », nous les entassions sur la petite place qui existait au carrefour des chemins.

Puis nous dressions une petite scène faite de bric et de broc. Et le soir fatidique, nous interprétions des saynètes et chansons devant un nombreux public : parents, amis, voisins. Nous étions très applaudis !

Après ce succès, venait l’allumage du tantez (tantad). Quel éblouissement avec nos yeux d’enfants, de voir jaillir les arabesques de flammes. Puis, nous allumions nos feux de Bengale de notre fabrication avec des fusées récupérées après la guerre. Nous regroupions la poudre de ces dernières et nous la mettions dans des boites de conserves, nous faisions les mèches avec de la ficelle huilée. Ainsi nous avions notre feu d’artifice à peu de frais.

Puis nous faisions des rondes avec les filles… sautions par-dessus les flammes pour épater les petites amies. Nous restions jusqu’à la nuit tombée pour passer à des jeux plus interdits…

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2 - AUTREFOIS LE CONSEIL DE RÉVISION

Jusqu’à la fin du 18ème siècle, la constitution des effectifs des armées était la tâche des « sergents recruteurs ». C’est en 1798 que la loi Jourdan instaura le service militaire pour tous les Français de 20 ans révolus devant être inscrits ensemble sur une liste ou « conscrits », c’est ainsi que le mot « conscription » fit son apparition. Je ne m’étendrai pas sur toutes les réformes instituées du service militaire.

Mais en préparation du fameux service, un an avant l’appel, nous étions convoqués pour le fameux conseil de révision, pour ma part et aussi ceux de ma « classe » (60) en 1959.

C’était une commission présidée jusqu’en 1905 par le Sous-Préfet. Elle comprenait, outre le médecin-major, les maires des communes, un officier de recrutement, ainsi que deux gendarmes afin d’aller quérir les récalcitrants.

Mais, pour nous, cela se passait au Foyer du Marin. On pénétrait dans une salle commune où nous devions nous dévêtir intégralement et on se mettait à la queue leu-leu (sic) en attendant l’appel de notre nom, non sans gêne pour la plupart.

L’appréhension était grande car les « réformés » ou recalés étaient nombreux. Nous étions pesés, mensurés, et le médecin-major procédait à des examens plus approfondis…

Une fois cet examen passé, les admis (et cela se voyait) achetaient des rubans et cocardes, affichant clairement « Bon pour le service » « Bon pour les filles ». Ce qui montrait bien leur supposée virilité. Les réformés étaient, par contre, tous penauds.

Cela donnait l’occasion de faire une « teuf », pour parler actuellement, à tout casser, au propre comme au figuré, quelques-uns s’en souviennent, avec gueuleton le soir au « Ty-Coz », restaurant très couru à l’époque. Beaucoup d’écarts nous étaient permis, mais je ne m’étendrai pas.

Heureusement que ces méthodes appartiennent au passé, car beaucoup de réformés se sont trouvés humiliés, diminués, et même déshonorés.

Michel Quillien