ECHO DE SAINT-PIERRE N° 168 - décembre  2004

Un Quilbignonnais au S.T.O.

LE 22 Octobre 1942, par ordre des autorités nazis, 600 ouvriers de l’arsenal de Brest sont désignés pour travailler en Allemagne, dans les usines de la ville de Hambourg.

Ce personnel, déporté et anti-nazi quitte Brest dans un train spécial, dans un beau désordre, donnant lieu à des manifestations populaires violentes, prolongées tout le long du parcours par des chants patriotiques. Les autorités allemandes réagissent et placent des sentinelles dans tous les compartiments.

 

L’accueil à Hambourg n’est guère engageant. Les Brestois apprennent qu’ils auront à travailler aux chantiers Blomm et Vors er Deutseverk. Quelques petits groupes iront dans d’autres entreprises de moindre importance. Ces ouvriers, en grande partie logés en plein centre de la ville de Hambourg, au lieu dit Jungiuswiese, se déplacent à pied de très bonne heure pour se rendre à leur travail dans un chantier de construction de sous-marins situé à plusieurs kilomètres du camp.

La vie dans ces lieux est démoralisante en raison de plusieurs facteurs, logés dans des baraquements inconfortables, ayant comme lits des paillasses bourrées de copeaux de bois, les bombardements multiples, réalisés généralement de nuit, la nourriture infecte et peu abondante (surtout des choux), faisaient des Brestois des hommes diminués physiquement n’ayant aucun désir de travailler pour ce grand Reich nazi. La conclusion est bien sûr que le peu de travail fourni par les Brestois de Hambourg n’a servi en rien la machine de guerre allemande.

Dans le camp de Jungiuswiese, les Français gardent quand même un certain moral grâce à des gars bien trempés et pourvus de qualités d’organisateurs de loisirs. Parmi eux , l’ami François Bonder, homme de qualité exceptionnelle qui intelligemment organisa des soirées récréatives où se mêlaient des sketchs, chants et autres distractions. Sur le plan sportif, au début du séjour, des rencontres de basket-ball et de football donnèrent aux gars l’occasion de se distraire et d’oublier les tracas journaliers.

 

Les grands bombardements de Hambourg, qui avec ceux de Dresde furent les plus importants de la guerre, détruisirent entièrement la ville et les chantiers de sous-marins. Dans la nuit du 24 au 25 juillet 1944, 740 bombardiers déversent sur Hambourg 3400 tonnes de bombes, dont plusieurs au phosphore. Le seul refuge des Brestois fut, en ce moment, une simple tranchée située au milieu de la ville.

Suite à ces destructions, nos Brestois, encadrés par des SS furent dirigés sur des chalands vers Magdebourg. Le séjour à cet endroit leur laissa un mauvais souvenir, en travaillant quelques mois aux usines Krupp à la fabrication d’obus.

Le retour à Hambourg fut apprécié et surtout la fin de la guerre peu après.

H. Lescop

S.T.O.: Service Travail Obligatoire

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