ECHO DE SAINT-PIERRE N° 162 - Avril 2004

FRANÇOIS CHOQUER

UN COMBATTANT DE LA FRANCE

UN GARS BIEN DE CHEZ NOUS

Cette année sera fêté le soixantième anniversaire de la libération de Brest. A cette occasion, une rue sera inaugurée1, et portera le nom d’un enfant de Saint-Pierre mort au combat.

 

Le bourg de Saint-Pierre au soir du 18 juin 1940

L’invasion se rapproche… les Allemands arriveront le lendemain en fin d’après-midi. Pour l’heure, les jeunes se sont rassemblés autour de la mairie et de l’église, dans l’imminence d’un possible départ. Certains sont déjà partis par le port de commerce, vite saturé. Les autres attendent maintenant un éventuel transport vers Le Conquet… Tout le monde n’a pas de vélo ! Dans l’esprit des partants, diverses destinations se dessinent : Bordeaux, l’Afrique du Nord et surtout l’Angleterre afin de continuer le combat. Ces jeunes avaient de 17 à 20 ans, et les spectateurs, dont nous étions, un peu moins, 14 ou 15 ans, avec la vision des hordes déferlantes qui se rapprochaient de nous.

L’arrivée en Angleterre

Pas évident… les Anglais sont méfiants, débordés par cet afflux de monde. Les nôtres se sont retrouvés dans un camp d’hébergement en attendant une décision quant à leur destin. Le 6 juillet, on leur propose de continuer la lutte dans diverses unités combattantes, mais la plupart se retrouveront dans l’armée de terre.

François Choquer se retrouve fusiller marin. Mais qui était-il notre François ?

Une enfance, une adolescence à Saint-Pierre

Après une scolarité flatteuse parmi les 65 élèves de la classe de Mr Le Teurs puis de Mr Labous, il obtient son certificat d’études, diplôme prestigieux pour l’époque. Puis c’est le concours d’entrée à l’école des apprentis de l’arsenal, avec un nouveau succès.

Nature bougeante, s’il en est, il a montré dans ses activités sportives à la Légion qu’il fallait compter sur lui et avec lui.

Nature aventureuse aussi ! Si on peut dire… Ainsi en ce soir de Noël du début des années 30, lors de la messe de minuit, avec quelques complices enfants de chœur comme lui, il décide de partir en excursion dans les combles de l’église. C’est vrai que la messe est longue… Vue d’en bas, la voûte de l’église a un ciel bleu tout constellé d’argent. Vue d’en haut elle est différente, et c’est ainsi qu’une jambe passe à travers le décor constitué par un lambris déjà ancien. Quel risque dans l’obscurité. Entendez encore les chuchotements. Mais passons, c’est Noël, et les esprits, nous l’espérons, sont à la clémence. Pour nous, qui l’avons côtoyé, c’était « Tit çois »

Hélas ! La guerre est bientôt là

Les volontaires des Forces Françaises Libres (F.F.L.), pour y revenir, sont éparpillés aux quatre coins du monde…

Les premiers engagements sont tragiques … En Syrie d’abord, en 1941, puis en Libye où l’unité des fusillers marins devra impérativement tenir la position de Bir-Hakeim.

Du 27 mai au 16 septembre, les vaillants combattants devront tenir les positions pour permettre le regroupement des troupes alliées. Les héros tiendront au prix de bien des sacrifices.

François périra début juin 1942, suite aux nombreuses attaques aériennes… C’est le sable du désert qui recevra son corps.

Avec une pensée pour tous ceux qui ont combattu, pour tous ceux qui ont laissé leur vie. A leurs familles, à la tendre maman qui attendait toujours le retour de François.

P.Floch

1 : dans un nouveau lotissement près du magasin SPAR de la rue Tartu.