ECHO DE SAINT-PIERRE N° 157 - Novembre  2003

TRANCHE DE VIE D'UN PETIT QUILBIGNONNAIS

Aux premiers bombardements allemands en 1940, j’avais 10 ans et j’allais avec mes parents, une vulgaire planche sur la tête, pour nous protéger des éclats d’obus, entre deux talus situés à environ 100 mètres de la maison, près de la ferme de Kerzudal, talus couvert par des rails et des planches supportant un tas de paille, abri bien symbolique.

A la fin de l’année scolaire 1940-41, j’ai passé mon certificat d’étude primaire.

Puis ce ne fut qu’une succession de déplacements dus à la guerre et donc de séparations avec ma famille.

De septembre 1941 à juillet 1942, en pension à Plougonven avec plusieurs garçons et filles de Saint-Pierre, nos parents venaient à tour de rôle une fois par mois environ, nous voir et déjeuner ensemble. Cela nous changeait des feuilles d’artichauts livrées à l’école par l’usine voisine qui mettait les cœurs en conserve.

Pendant les vacances en août, j’allais dans une ferme de Locmaria-Plouzané où j’aidais à la moisson.

En septembre 1942, j’étais de retour à Kerzudal où tous les jours, j’allais en tramway à l’école au collège moderne de Brest place Wilson, cela jusqu’à sa fermeture au début février 1943. Mais me voici une nouvelle fois séparé de mon père le 12 mars 1943, ma mère étant décédée le 03 mars.

Je quitte donc Brest avec un groupe de réfugiés de la Croix Rouge dans la Sarthe direction le Mans, en train par Nantes et Angers avec des arrêts surprises pour laisser passer en priorité les convois de munitions allemands. Du Mans nous prenons un petit train départemental pour Parigné Le Polin, à destination du château des Perrais. Nous étions logés en lits de camp dans les communs (chevalerie, écuries et garages), les classes se faisant au château et à la chevalerie. Mais voilà que les Allemands réquisitionnent le château, et l’on nous disperse le 17 mars 1944 dans la région. Je me retrouve avec ma classe à Château du Loir, une ville distante de 40 km environ, et cela pour quelque temps, car nous revenons à la chevalerie du château , dans la partie non réquisitionnée, jusqu’à la libération le 9 août 1944. Mais nous attendions toujours la fin du siège de Brest pour y revenir, le retour s’effectua fin octobre 1944.

A Saint-Pierre Quilbignon, vacances prolongées jusqu’au 05 avril 1945, où ayant réussi l’examen d’entrée aux apprentis de la DCAN, je quitte St Pierre à nouveau jusqu’au 31 juillet 1946, l’école des apprentis de la DCAN étant repliée à Pont de Buis, mais avec un week-end par mois pour retrouver nos familles, s’il n’y avait pas de punitions de sorties.

Enfin au 1er septembre 1946, l’école des arpètes revient à Brest pour ma 3ème année terminée après le D.A.M. et avec 3 jours d’avance à cause de l’explosion de l’Ocean Liberty le 28 juillet 1947.

Passé ouvrier en 1947, je reste à Brest jusqu’au service militaire à Pont-Réant aux environs de Rennes du 25 avril au 1er juillet 1950, puis affecté au bâtiment de ligne Richelieu, je fus basé à Brest du 02 juillet 1950 jusqu’au retour dans mon foyer le 25 octobre 1951.

H.Le Turquay