ECHO DE SAINT-PIERRE N° 154 - Juin  2003

Les châteaux de la Loire à vélo

Au patronage de la « Légion », dans les années 50, beaucoup de camps de vacances étaient organisés à vélo. Je viendrai parler de ce camps d’été 1959.

Cette année là, nous allons faire toute la côte nord de la Bretagne jusqu’au Mont Saint-Michel, puis descendre sur Le Mans et Orléans, afin de visiter quelques châteaux de la Loire, pour un périple de mille sept cents kilomètres, en quinze jours.

Nous étions quatorze garçons de quatorze à dix-neuf ans sur la ligne de départ, pour des étapes de cent cinquante à deux cents kilomètres par jour. Nous pouvions appeler cela une expédition, certains d’entre nous étant équipés de simples vélos sans vitesse. Encadrés par deux « anciens », Jeannot Le Roy et Lucien Névez, qui, au volant d’une vénérable 2cv Citroën fourgonnette, transportaient tout l’attirail (tentes, ustensiles et sacs personnels), nous n’avions donc aucun bagage à traîner. Il nous suffisait de pédaler !

Hormis les pannes mécaniques, les tendinites, les hémorroïdes, nous nous élancions à la conquête du bitume. Je me souviens particulièrement de l’étape Pontorson-Le Mans sous une pluie diluvienne où les selles de l’époque étaient archi trempées, nous étions carrément assis sur les potences de la selle. Imaginez l’état de nos arrières-trains (pour être polis) !

Nous avions avalé les premières étapes, voulant profiter de jours de repos afin de visiter les châteaux de la Loire. Ainsi nous avons visité Blois, Cheverny, Villandry, Azay-Le-Rideau, Chambord. Que de merveilles découvertes par des gamins, qui pour la plupart, n’avaient pas quitté Brest, et aussi les bains dans la Loire !

Le soir, aux étapes, inutile d’être bercés, car nous étions moulus, fourbus, courbatus. A cette époque il n’y avait pas d’E.P.O. et le dopage n’existait pas, mais nous étions heureux.

A chaque départ, nous nous promettions de ne pas forcer l’allure, et de rouler paisiblement, mais c’était plus fort que nous, une fois en selle et les membres dérouillés, il y avait toujours un de nous qui forçait ! C’était parti pour la course et cela se terminait au sprint !

Ceux qui liront ces lignes, en ayant participé, se souviendront toujours de ces moments merveilleux

M.Quillien