ECHO DE SAINT-PIERRE N° 151 - Mars  2003

LE COLLEGE SAINT POL ROUX

Le quartier de l’Ecole Navale (Kerargaouyat*) a été urbanisé assez tardivement. Après les Maisons-Marine tout en bas, arrivèrent les cités HLM, Keranquéré-Keroudot en 62, puis Kerargaouyat en 1965.

Un groupe scolaire avait aussi poussé, en plein champ : l’école primaire s’ouvrit en 1956, la maternelle en 1957. Pour le Collège il fallut attendre 1966. Il fut construit sur un champ entre le Groupe scolaire et la cité HLM. La majorité de ses professeurs avaient été détachés du Collège des Quatre Moulins avec leurs élèves. Beaucoup allaient rester y finir leur carrière. “Monsieur/ Madame, ma mère/ mon père vous a eu comme prof”. Car les familles se sont attachées à ce quartier et à son collège. C’était leur collège pour lequel ils avaient ensemble arraché, au fil des ans, de bonnes conditions de fonctionnement.

Le Collège a pris en 1969 le nom de Saint-Pol-Roux au cours dune cérémonie présidée par Divine Saint-Pol-Roux, la fille du poète mort à Brest en 1940.

Qui est Saint-Pol-Roux ?

La vie du poète ne fut pas toujours facile, car la littérature ne nourrissait pas son homme, malgré sa féconde composition ; il écrivit notamment plus de cinquante poèmes entre 1888 et 1891. En 1898 Saint-Pol-Roux, sa femme et leurs deux enfants : Cœcilian et Lorédan (Magnus est décédé en 1897) vinrent s’installer en Bretagne, à Roscanvel dans une chaumière à Lanverzanal. C’est là que naîtra Divine.

A l’âge de 37 ans Saint-Pol-Roux commence alors sa vraie légende et son installation en Bretagne devint définitive. Sa situation matérielle s’améliore. Il fait construire à Camaret un manoir à huit tourelles : « Le Manoir du Boultous » qui deviendra le Manoir de Cœcilian après la mort de son fils aîné le 4 mars 1915 à Verdun. Dès cette époque, il va devenir, pour tous, Saint-Pol-Roux le Magnifique. Quelques Camarétois se souviennent encore d’un certain samedi 25 décembre, où ils le virent arriver par la mer, vêtu en « père Noël », les bras chargés de cadeaux qu’il distribua aux enfants ébahis. Mais les années de bonheur à Camaret n’allaient pas durer.

Le 23 juin 1940, dès le début de l’occupation allemande , un soldat ennemi réussit à pénétrer dans le manoir sous un prétexte futile. Une fois dans la place, l’homme devint agressif et tua Rose, la servante de Saint-Pol-Roux. Mais il ne s ‘arrêta pas là. Tel un fou furieux il blessa le poète et violenta Divine. Saint-Pol-Roux ne se remit jamais de cette épreuve, d’autant que quelques mois plus tard son manoir fut pillé et ses manuscrits déchirés et brûlés. Il ne put supporter ce nouveau choc et le 13 octobre 1940, il fut transporté à l’hôpital de Brest où se trouvait Divine depuis son agression.

A l’aube du 18 octobre 1940, le Magnifique rendit son dernier soupir. Il fut enterré au cimetière de Camaret le 21 octobre accompagné par une foule de fidèles et d’admira

Jeannette HUET

* Ker ar gaouiad en Breton : le quartier du menteur