ECHO DE SAINT-PIERRE N° 148 - décembre  2002

Les épidémies

 

Durant les quatre derniers siècles, à intervalles réguliers les épidémies frappèrent la population du Léon.

Les habitants de Brest et de Saint-Pierre-Quilbignon ne furent pas épargnés par ces fléaux périodiques. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer année par année les registres des sépultures (décès), avec ceux des naissances. On constate que le taux de mortalité s’accroît considérablement à certaines époques précises et que cette indication correspond le plus souvent à des poussées épidémiques.

Les conditions climatiques

A noter que les conditions climatiques eurent également une influence dans la progression de ces décès. Ainsi entre 1685 et 1729, la région fut soumise à un phénomène de mini-glaciation, entraînant des hivers rudes, des étés pourris et de mauvaises récoltes. Si la lèpre avait pratiquement disparu dès le début du XVIème siècle, la peste par contre revint en force au début du XVIIème siècle. Durant les années 1639 et 1640 cette maladie sévissait à Brest et dans ses environs et se révélait particulièrement meurtrière. Les paroisses de Plouzané et Loc-Maria furent particulièrement touchées par la peste entre 1640 et 1643. Quilbignon entre Brest et Plouzané ne pouvait pas échapper à ce fléau.

La disette, le manque d’hygiène

A partir de 1670, les maladies épidémiques, combinées à la rudesse du climat, à la disette et au manque d’hygiène, feront des ravages parmi la population du Léon, d’autant qu’elles séviront durant pratiquement un quart de siècle. Les pathologies relevées seront les plus diverses, et les symptômes évolueront au cours des siècles. Ainsi après la lèpre et la peste les diagnostics feront tour à tour état de la variole, de la dysenterie, du typhus, du scorbut, du choléra, de la tuberculose ou de la grippe espagnole. A défaut de cerner distinctement la maladie, les contemporains parleront souvent de fièvres putrides. Certaines épidémies eurent pour origine le confinement et le manque d’hygiène à bord des vaisseaux de la Marine Royale. Ce fut notamment le cas en 1689 où l’armée navale, commandée par Tourville, fut victime d’une grave épidémie qui nécessita, pour héberger les malades, de réquisitionner nombre de locaux et notamment le presbytère de Saint-Pierre-Quilbignon . Plus conséquente encore, l’épidémie de typhus qui toucha l’escadre de Dubois de la Motte, de retour de Louisbourg (Canada) et qui fit à Brest entre 1757 et 1758, près de 10000 victimes. Afin d’éviter la propagation de maladies contagieuses, provenant des eaux polluées, l’intendant de la Marine Desclouzeaux fit réaliser à Saint-Pierre-Quilbignon, par l’intermédiaire d’un aqueduc souterrain, une captation de sources saines aboutissant aux Quatre Pompes. Sur l’île de Trébéron la Marine fit établir en 1722, un hôpital ou lazaret afin d’isoler les malades de la population. Ainsi en 1758 les marins, de l’escadre de Kersaint atteints par le scorbut, furent dirigés en ce lieu, où viendront plus tard se soigner les galeux et les tuberculeux.

Le choléra au XIXème siècle

Au XIXème siècle, Brest et ses environs subiront des ravages dus au choléra. Les dates marquantes de ces épidémies seront 1832, 1849, 1866, 1885 et 1893. Suite à l’épidémie de 1866, le nouveau cimetière de Saint-Pierre-Quilbignon, ouvert en 1846, va s’avérer rapidement trop petit. Sa surface sera doublée le 27 juillet 1867, par l’acquisition d’une parcelle de terre, au nord de la précédente, portant au cadastre le n° 914, d’une superficie de 5585 m2 et appartenant aux enfants Pouliquen. Le fermier, monsieur Lars qui tenait ce champ en location fut indemnisé pour la rupture de son bail.

Les croyances

En ces temps difficiles, afin de conjurer le mal, le Breton n’avait pas d’autres choix que d’invoquer ses saints protecteurs. Chaque saint guérisseur avait sa spécialité. Ainsi Saint Roch avait dit-on le pouvoir de chasser la peste. Quand l’épidémie déclinait ou accordait à la population un répit salutaire, le Saint en était fortement remercié et sa dévotion confortée. Ainsi face à la mort, il n’y avait que la foi qui puisse sauver les gens, encore fallait-il y croire et ne pas être un mécréant.

M. Baron