ECHO DE SAINT-PIERRE N° 111 - Avril 1999

Mémoire de Saint-Pierre
****************

LE BAL

Un retour dans le passé : avant et après la guerre 39-45 les jeunes n’allaient pas en boite mais au bal.

Aussi, sur la rive droite, les salles de danse étaient-elles nombreuses, la plus connue avant et après guerre étant “le petit jardin” dans la côte du “grand duc”.
Mais arrivé le mois de Mai, direction Sainte-Anne du Portzic. Là, chacun avait ses préférences, sur le plateau du Cosquer le choix entre “Le Lann” et “Mestrius”, ou, descente vers la plage chez Fichou ou Sommier. Entre la valse, le tango ou la rumba, une promenade au “Bois d’Amour” cueillir les bouquets de lait ( attention, la Pointe du Diable n’est pas loin ).
Parfois, quelques heurts pour la conquête d’une belle, entre civils et militaires, mais dans l’ensemble cela se passait bien et la police n’intervenait que rarement. Le retour se faisait, soit à pieds, soit en car, un service étant assuré entre la Porte du Conquet et Sainte-Anne.
Les mentalités avaient déja évolué, heureusement car une décennie plus tôt, voici les peines encourues ( selon “Les cloches” de mai et Juin 1932 ) :


“Depuis quelques années, les salles de danse se sont multipliées et sont devenues des occasions de désordre, de véritables écoles de corruption, les jeunes gens s’y habituent à une familiarité et à une promiscuité révoltante. Il est urgent de prendre quelques mesures pour enrayer ce mal. Il faut distinguer 1 les tenanciers de salles , 2 les danseurs et danseuses, 3 les promenades en car.

Les tenanciers de salles de danse :

Les salles que nous avons vues sont celles où sont organisées d’une manière habituelle des danses de nuit, des danses du dimanche et toutes autres danses en dehors des mariages.
Les tenanciers de ces salles doivent être tenus pour des pêcheurs publics. Par conséquent :
a) l’absolution leur sera refusée, tant qu’ils n’auront pas fait amende honorable et pris par écrit l’engagement formel de fermer leurs salles à toutes les danses signalées plus haut
b) si, au lit de sa mort, le tenancier déclare se repentir et s’engage devant témoins à supprimer désormais chez lui toutes danses indiquées précédemment, il pourra recevoir les sacrements et être enterré religieusement, mais avec des honneurs restreints
c) si le tenancier meurt sans aucune rétraction, il sera enterré sans les prières de l’église.
Quant aux enfants du tenancier, habitant chez eux, ils n’auront pas droit aux honneurs concernant les baptêmes, mariages et enterrements.

Les danseurs et danseuses :

Comme ils s’exposent eux-mêmes à pécher et que, par leur exemple, ils encouragent un désordre qui entraîne d’autres, on doit refuser l’absolution , après deux ou trois avertissements motivés à ceux qui s’obstinent.
Les joueurs d’accordéon, ou autres instruments, qui dirigent la danse dans ces salles doivent être traités comme les danseurs eux-mêmes.
Les danses sont autorisées à l’occasion des mariages et seront exécutées, autant que possible, en plein air à l’exclusion des danses appelées danses modernes, en raison de leur caractère immodeste.

Les promenades en autocar:

Les promenades en autocar où, séparés de leurs parents, jeunes gens et jeunes filles s’entassent sans la moindre retenue sont certainement pour eux une occasion certaine de péché. On doit donc appliquer à ces personnes les mêmes règles que pour les danseurs des bals publics.

Jean POCHART.



-------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------