ECHO DE ST-PIERRE N° 108 Janvier 1999

A LA RECHERCHE DE LA FAMILLE “QUILBIGNON”

Sans entrer dans le “maquis” des successeurs du titre, offrons-nous une balade dans une parcelle peu connue de la CUB qui fut à “Coaténez” en Plouzané le berceau de nos “Seigneurs”.
Avant d’entrer dans l’histoire embrouillée des occupants de ce terroir un peu ignoré, découvrons quelques curiosités de l’endroit.
A deux pas de St Pierre, l’accès est facile par le bus 14 ou 26 en direction de Plouzané, descente à l’arrêt de Coatuélen en direction du carrefour des routes, l’une desservant Guilers, l’autre en face, la direction de Bodonou.
Pour confirmer notre bonne position, une stèle en granit rose, érigée à la mémoire d’un sergent américain et de ses compatriotes morts pour la libération de Plouzané. Ayant pris la direction vers Bodonou, nous situons l’importante station de pompage de l’Hospitalou.
L’apparition d’une grande stèle christianisée (4 m) surmontée d’une croix pattée à pans, est décrite par le spécialiste J.Y. Castel comme étant du Moyen-âge. De ce repère, vous pourrez éventuellement prendre à gauche le chemin bitumé pour aller découvrir à quelques centaines de mètres, le vélodrome à qui l’on promet une réutilisation pour des épreuves prochaines. De la croix, vous apercevrez, toujours à gauche, un joli chemin creux, bordé de grands arbres, comme il n’en existe plus beaucoup hélas.
En face, à droite, une plaque nous indique “Coadénez”, autrement désigné dans les archives “Coaténes”. Presque aussitôt, la vieille maison forte, important pavillon carré, nous guide vers les lieux historiques.
Quelques maisons récentes, de part et d’autre de la route, nous rappellent que nous sommes en propriétés privées. Nous pouvons toutefois admirer ce qui reste d’un bel édifice, le manque d’archives nous prive hélas du plan d’ensemble d’origine. La richesse des majestueux frontispices, meurtrières à fauconneaux, etc, nous laissent deviner le mélange des parties fortifiées et des bâtiments plus paisibles.
La lecture du livre de Michel FLOCH, au chapitre “St Pierre Quilbignon”, nous épargne l’énumération et l’origine de la famille “QUILBIGNON”. Nous résumerons en retenant que le dernier représentant connu de cette famille fut Prigent de QUILBIGNON, notaire à Brest, de 1510 à 1537.
Des litiges et chicanes échelonnent la succession, nous vous livrons un exemple extrait du livre d’Yves LULZAC “Chroniques oubliées des manoirs bretons”, qui relate les incidents dans notre ancienne église à St Pierre Quilbignon.
“Le début du 17ème siècle fut marqué par une méchante rivalité opposant le Seigneur de Coaténes à Guillaume de Penancoët, Seigneur de Keroualle.
Tous deux revendiquaient des prééminences dans l’église Saint-Pierre de Quilbignon. Le premier, au titre de sa seigneurie de Lanneuc, le second, pour son manoir de Traonbihan.
Persuadé de son bon droit, Guillaume avait ouvert les hostilités le 14 juin 1602 en organisant une expédition nocturne qui le conduisit, en compagnie de ses complices, jusque dans le choeur de lieu saint. Cette nuit-là, les armes de Keroualle, taillées en bosse sur une tombe près de l'épître, furent martelées et brisées.
Restaurées quelques jours plus tard, elles subirent le même sort dans la nuit du 19 juillet suivant par les soins du même Seigneur de Coaténes. Ce dernier avait en outre signé son méfait en reproduisant ses propres armoiries sur une vitre blanche au-dessus de la tombe. Vitre précédemment armoriée de Lanneuc, mais que le Seigneur de Kéroualle aurait autrefois brisée sous couvert des troubles de la Ligue.
Cette affaire s’engageait bien mal. Pourtant, elle fit l’objet d’un arbitrage énergique de la part d’Yves Jouhan, recteur de Plouzané, ainsi que d’autres gentilshommes, amis ou parents des parties rivales qui, pour une fois, semblaient vouloir calmer les esprits. Si bien que les belligérants finirent par entendre raison et consentirent à transiger : Guillaume de Pénancoët conservait la tombe et la vitre contestées, en compensation de quoi, le Seigneur de Coaténes pouvait disposer d’une autre tombe avec son enfeu et sa vitre dans le choeur de la même église, mais du côté opposé.
Contrairement aux habitudes de l’époque, l’affaire fut donc rondement menée, et les parties scellèrent la paix en décembre de l’année suivante à Saint-Renan, dans la maison de Françoise Kérourien, Dame de Penmeshir.
Dès le 30 janvier suivant, et pour des raisons de commodités personnelles, Guillaume de Penmarc’h échangera cette nouvelle tombe avec l’accord de Michel Pichart, recteur de la paroisse, et sous le regard bienveillant de son ancien rival.”’



P. FLOCH